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Profile - MICHEL MORIN

Citoyens pris en otage

Une mère de Deux-Montagnes a préféré déraciner toute sa famille plutôt que de continuer à subir les problèmes causés par le chantier du Réseau express métropolitain sur la plus importante ligne de train de banlieue.

« On nous a mis devant un choix injuste. On nous a pris en otage », se plaint Vicky Fortin qui a vendu sa maison des 11 dernières années située à côté de la gare de Deux-Montagnes, avant de prendre le chemin de Sainte-Thérèse avec son conjoint et leurs trois enfants pour utiliser la ligne de train Saint-Jérôme.

Depuis juillet 2018, le chantier du Réseau express métropolitain (REM), qui est à la source d’annulations de départ et de modifications d’horaire, en plus d’être en partie responsable de retards, fait rager les clients de la ligne de train de banlieue de Deux-Montagnes.

Et c’est loin d’être terminé. Dès janvier, la ligne la plus utilisée du Grand Montréal sera amputée de quatre gares et ne se rendra plus au centre-ville. Exaspérés, des résidents du coin déménagent ou changent d’emplois (voir autres textes).

Une preuve que les clients délaissent la ligne : Exo, qui offre le service de train, a remarqué une baisse d’achalandage de 11 % entre septembre 2018 et juillet 2019.

Mobilité Montréal doit annoncer ce matin des solutions supplémentaires à celles présentées l’hiver dernier, qui ont été jugées comme n’étant pas suffisamment concrètes et efficaces par les clients. La principale solution proposait un transfert par un autobus jusqu’au métro, allongeant le trajet de 30 à 40 minutes. De plus, la station de métro Côte-Vertu où étaient dirigés les clients doit fermer tout l’été 2020 pour des travaux.

VIES PERTURBÉES

« Nous avons été pendant un an ou deux ans dans l’incertitude. On se faisait dire que ce ne serait pas si pire, mais rien ne se faisait. Quand ils ont annoncé les mesures d’atténuation l’hiver dernier, on a vu que ça n’avait pas de bon sens », raconte Mme Fortin qui travaille au Centre universitaire de santé McGill.

À l’été 2018, quand les problèmes de retard répétitif ont débuté et que des départs ont été annulés, Mme Fortin a eu un aperçu de ce à quoi pourrait ressembler son quotidien dans un avenir rapproché.

« C’est un service que j’aimais. Mais quand ça s’est mis à mal tourner... Plus ça allait et plus c’était désagréable. Les journées étaient plus longues. Il y avait plus de fatigue, plus de stress pour moi et mon conjoint, qui devenait le seul sur qui on pouvait compter pour aller chercher les enfants », se souvient-elle.

« On n’a pas pensé aux utilisateurs une seule minute dans tout ça, déplore Mme Fortin. C’était impossible de bien planifier nos vies. »

CHOIX DÉCHIRANTS

Elle regrette que ses enfants de 5, 8 et 10 ans aient eu à subir les impacts du chantier du REM, dont un des plus importants a été le changement d’école pour la rentrée qui vient de commencer.

Déménagée depuis un mois, elle s’ennuie aussi déjà de son ancien milieu de vie qui lui permettait de « tout faire à pied », comme marcher jusqu’à la gare. À Sainte-Thérèse, elle doit maintenant prendre sa voiture pour se rendre au train.

La transaction immobilière semble aussi encore lui trotter en tête. « C’est certain que ce n’était pas un bon financier de vendre au printemps dernier. En plus, la maison va prendre de la valeur avec l’ouverture du REM. C’était un choix déchirant, mais on était rendus là », explique Mme Fortin.