Le Journal de Montréal

Florent Vollant se raconte

MARIE-FRANCE BORNAIS

Ardent défenseur de la nature, ambassadeur des Premières Nations et mentor auprès de jeunes musiciens, l’auteurcompositeur-interprète innu Florent Vollant raconte sa vie, sa famille, son enfance, ses bonheurs, ses écueils, ses réussites et ses bouts de vie difficiles dans un livre à lire absolument : Ninanimishken – Je marche contre le vent. Coécrit avec Justin Kingsley, ce récit bouleversant, parfois tragique, souvent amusant, d’une grande sagesse, montre toute l’importance de la musique dans sa vie. Et l’importance de savoir marcher contre le vent.

Florent Vollant a été envoyé de force dans un pensionnat à l’âge de 5 ans. À 18 ans, il s’est retrouvé dans une cellule de prison. Et tout récemment, à 61 ans, en pleine pandémie, il a été hospitalisé à la suite d’un AVC.

À la suite de cette nouvelle épreuve, il a dû réapprendre à marcher, à parler, et retrouve tranquillement l’usage de sa main droite. Doucement, très posément, il parle de ce livre profondément touchant qui a pris forme au fil des mois, avec la collaboration de Justin Kingsley. Un livre important qui dit les choses telles qu’elles sont, qui soulève des questions, qui fait en sorte que sa parole sera entendue.

SE RACONTER

« C’est très difficile d’écrire un livre sur soi. Faire un livre, raconter son histoire, c’est quelque chose qui a pris beaucoup de temps. Je n’y pensais pas du tout », explique Florent Vollant, en entrevue téléphonique de sa résidence de Maliotenam, sur la Côte-Nord. Il a connu Justin Kingsley lors du tournage du documentaire Chaakapesh avec l’OSM, un projet dont il faisait partie.

« Je lis, mais je n’écris pas beaucoup. Ça me prenait quelqu’un qui allait l’écrire pour moi, ça, c’est sûr. Et quelqu’un qui a une capacité d’écoute que je respecte. »

S’ouvrir et raconter sa vie, dans les bons et les moins bons moments, demandait une volonté de transmettre, une ouverture et tout un engagement.

« J’ai monté le mont Royal, à Montréal. J’avais un microphone autour du cou… et je racontais mon histoire. D’où je viens. Du nord. Ma venue ici, vers le sud. À Maliotenam. La musique. Kashtin. »

Certains bouts ont été plus rough à partager, dit-il, mais il est content de l’avoir fait.

« Me raconter, ça m’a fait du bien. Un de mes fils m’a dit : fais-le parce que pour toi, ça va être comme une thérapie. Tu vas être en thérapie avec ta vie. Tu vas te soigner en racontant l’histoire que tu as vécue. […] La musique m’a sauvé. Et c’est ce que je raconte dans le livre. »

Il est reconnaissant d’avoir eu la musique dans sa vie. « La musique m’a permis de passer à travers parce que ça me permettait d’inventer le monde. Même si ce n’était pas le monde que j’avais, je pouvais l’inventer dans une chanson. À ce moment-là, ça me permettait de m’évader un peu. C’est ce que je fais d’ailleurs encore aujourd’hui : j’écris une chanson, je vis avec pendant un moment et j’en suis dépendant. »

SE QUESTIONNER

Florent Vollant parle aussi de réconciliation dans le livre.

« Les gens peuvent se demander, se questionner par rapport à d’autres peuples, d’autres nations. La différence, des fois, c’est la richesse, aussi. »

Qu’est-ce qu’on peut faire ? « Penser au futur. Penser à nos enfants. Leur dire la vérité. C’est ça, pour moi, qui donne un sens à ma vie. Ce que je souhaite à mes enfants, et à tout le monde, c’est de trouver quelque chose qu’on aime. »

Florent Vollant présume que le message que contient le livre sera différent pour chacun. « Pour moi, c’est que même contre le vent, on peut être bon. On peut être fort. Contre le vent, on a des choses à apprendre. »

SOMMAIRE

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2022-09-24T07:00:00.0000000Z

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