Le Journal de Montréal

Rencontre avec la réalisatrice Marianne Farley

MAXIME DEMERS Le Journal de Montréal maxime.demers @quebecormedia.com

Trois ans après avoir été nommée aux Oscars pour son court métrage Marguerite ,la cinéaste et actrice Marianne Farley propose un premétrage, mier long Au nord d’Albany, dans lequel elle s’est inspirée d’une mésaventure angoissante survenue dans le parc des Adirondacks, il y a quelques années, pour aborder les thèmes de la fuite, de la parentalité et de l’incommunicabilité. Le Journal l’a rencontrée. Au nord d’Albany raconte l’histoire d’une mère monoparentale qui fuit Montréal avec son garçon et sa fille adolescente. D’où est née l’idée du film ?

« Il y a environ huit ans, en revechez nant de mon frère qui habitait au New Jersey, ma voiture est tombée en panne dans les Adirondacks. Je me suis sentie prise en otage dans un endroit où je ne voulais pas rester. C’était super anxiogène. Mais en même temps, j’ai trouvé cette expérience riche sur le plan thématique et dramatique. Le réalisateur Claude Brie, qui est le père de mes garçons, était venu me chercher aux États-Unis et en revenant, je lui avais dit : on va écrire un film là-dessus. »

Dans le film, la mère décide de fuir pour protéger sa fille qui a été impliquée dans une altercation qui a mal tourné. Mais ce n’est peut-être pas la meilleure décision ?

« Je n’avais pas encore fait de film qui parle de parentalité et de maternité, et j’ai eu le goût d’explorer cela, parce que c’est quelque chose que je vis en tant que mère. C’est complexe d’être parent. Des fois, tu penses que tu prends la meilleure décision pour ton enfant et tu te rends compte, deux ans plus tard, que ce n’était pas le cas. Tu as tes propres biais, tes propres contradictions, tes propres failles qui se mettent dans le chemin de la bonne décision. Dans le film, la mère veut à tout prix être là pour sa fille et prendre la bonne décision pour la sauver. Mais elle fait finalement la pire chose : elle lui enseigne à fuir quand ça ne va pas dans la vie. Ultimement, je crois qu’on lègue à nos enfants ce qu’on n’a pas réglé en nous. »

À l’image de tes courts métrages, le film est construit comme un thriller...

« Je pense que c’est quelque chose que je fais inconsciemment. J’aime beaucoup retenir l’information. En tant que spectatrice, je n’aime pas qu’on me prenne par la main et qu’on m’explique tout. J’aime découvrir au fur et à mesure et j’aime les non-dits, ce qui ajoute probablement au suspense qu’on retrouve dans mes films. C’est peut-être parce que j’ai trop regardé des films de Hitchcock ! »

C’est Céline Bonnier qui joue le rôle de la mère. Mais ce personnage a d’abord été écrit pour toi ?

« C’est vrai qu’au départ, on l’avait écrit pour moi. Claude [Brie] devait réaliser le film et j’allais jouer le rôle principal. Puis, finalement, il y a quelques années, je cherchais à faire mon premier long métrage et on a un peu sorti ce projet du tiroir. Et c’est sûr qu’à partir du moment où je réalisais le film, je n’allais pas jouer dedans. Je l’ai coproduit, scénarisé et réalisé en temps de pandémie, c’était assez de boulot comme ça ! S’il avait fallu que je sois aussi devant la caméra, ça aurait été vraiment trop exigeant. »

Comment évalues-tu l’impact de ta nomination aux Oscars, en 2019, sur ta carrière de réalisatrice ?

« C’est sûr que ça n’a pas nui. On a beaucoup parlé de Marguerite et ça m’a donné une crédibilité, comme réalisatrice, que je n’aurais pas eue facilement. Mais en même temps, ça ne me permet pas d’avoir du financement automatiquement. C’est un milieu qui n’est évident pour personne, même si tu es déjà allé aux Oscars. »

Tu as débuté comme actrice, mais tu sembles travailler désormais davantage comme réalisatrice. As-tu fait une croix sur le jeu ?

« J’ai eu moins de temps pour travailler comme actrice au cours des dernières années, mais j’ai joué dans la série Transplant cette année et j’ai beaucoup aimé ça. Ça faisait depuis le film Les nôtres (2020) que je n’avais pas joué, et ça m’a fait du bien. C’était le fun d’arriver sur un plateau et d’avoir juste une chose à gérer et de juste être dans le plaisir et l’écoute. Je n’ai donc pas l’intention de mettre le métier de comédienne de côté. J’aime trop ça. »

Au nord d’Albany prend l’affiche le 2 décembre.

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2022-11-26T08:00:00.0000000Z

2022-11-26T08:00:00.0000000Z

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