Le Journal de Montréal

LES LIENS FAMILIAUX DE SPIELBERG

Lancé au Festival de Toronto, Les Fabelman, oeuvre en partie autobiographique, de Steven Spielberg montre la découverte du cinéma par un enfant, puis un adolescent.

ISABELLE HONTEBEYRIE

Le long métrage s’ouvre en 1952, sous la neige, alors que Michelle Williams et Paul Dano emmènent le petit Mateo Zoryon Francis-DeFord au cinéma pour la première fois de sa vie.

Mateo, puis Gabriel LaBelle sont les alter ego cinématographiques du réalisateur. Williams et Dano sont ses parents réimaginés pour le grand écran.

« Non, je ne prends pas ma retraite. Non, ce n’est pas mon chant du cygne », a tenu à dire Steven Spielberg lors de la présentation de son film au Festival international du film de Toronto.

« C’est une histoire à laquelle je songe depuis longtemps, mais je ne savais pas quand j’allais m’y mettre. Tony et moi avons évoqué la possibilité de ce film pendant le tournage de Lincoln. Tony a accepté de jouer les psychologues, et j’étais son patient. Nous avons longuement parlé. »

« Quand la pandémie nous a frappés, nous nous sommes tous retrouvés avec énormément de temps libre et de peurs. En mars ou avril 2020, personne ne savait quel serait l’état de l’art cinématographique et de la vie, ne serait-ce qu’un an après. Alors que la situation empirait, je me suis demandé ce que je voulais laisser après ma mort, ce qu’il fallait que je règle, ce dont il fallait que je me décharge à propos de ma mère, de mon père et de mes soeurs. J’ai donc presque eu l’impression que c’était maintenant ou jamais. »

CHOISIR SA FAMILLE

Pour le cinéaste, il fallait que le processus de choix des acteurs soit « naturel et sincère. Il fallait que je trouve des acteurs avec qui je pouvais avoir une relation la plus profonde possible et qui me rappelaient le plus les personnes qui m’avaient conçu, élevé et inculqué mes valeurs. »

Spielberg avait vu Blue Valentine – Une Histoire d’amour et y avait remarqué Michelle Williams.

« J’avais demandé à la rencontrer, pas parce que j’avais un rôle pour elle, mais parce que je voulais faire la connaissance de l’actrice en tête d’affiche de Blue Valentine — Une histoire d’amour. Elle était toujours présente dans mon esprit quand je pensais à ce projet. C’est la même chose avec Paul qui possède le même pragmatisme que mon père, sa patience et son immense bonté. »

TOURNAGE ÉMOUVANT

Pour Sammy, il a remarqué Gabriel LaBelle, un Canadien de Vancouver, après une audition puis un rappel et un entretien sur Zoom.

Le tournage a été extrêmement émouvant, Spielberg laissant, par ailleurs, ses deux acteurs libres d’habiter leurs personnages, même s’il s’agissait de ses parents.

Michelle Williams s’est souvenue de « l’exploration » qu’elle pouvait faire de la psyché de Mitzi ainsi que « des possibilités sans fin » pendant le tournage.

« Steven a été extrêmement généreux lorsqu’est venu le moment de nous donner accès à sa vie, à ses souvenirs. Pendant un mois, nous avons discuté de lui, de sa vie. Nous avons pu consulter des photos de famille, des films familiaux, des enregistrements… Le but était de rendre compte d’une vie vécue. Pour moi, Burt est la quintessence de l’homme américain des années 1950 et il m’a beaucoup fait penser à mon grandpère. J’ai donc essayé d’apporter au personnage quelque chose de moi afin de le rendre personnel. »

« Pour moi, ce film est une manière de ressusciter ma mère et mon père. Et il a rapproché mes soeurs Annie, Nancy et Suzie et moi plus que je ne l’aurais jamais cru possible », a conclu le réalisateur.

Les Fabelman est à l’affiche en salle.

WEEKEND / CINÉMA

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2022-11-26T08:00:00.0000000Z

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