Le Journal de Montréal

Daniel Lessard revient au thriller

MARIE-FRANCE BORNAIS

Journaliste émérite à l’emploi de Radio-Canada pendant 39 ans, écrivain talentueux et conteur incomparable, Daniel Lessard délaisse momentanément le roman historique pour revenir au thriller cet automne. Crime parfait, nouvel opus de sa série policière, propose une intrigue soutenue. Mais c’est aussi un prétexte pour faire un portrait social et une incursion dans les coulisses du monde policier et de la politique, notamment au sujet des nouvelles réalités qu’affrontent les corps policiers dans le monde d’aujourd’hui.

Le roman commence par une onde de choc dans tous les corps policiers lorsque l’identité d’un corps découvert dans le coffre d’une vieille voiture abandonnée est dévoilée. La sergente-détective Sophie Comtois, que la nouvelle ministre de la Sécurité publique s’apprête à nommer directrice des enquêtes criminelles, est d’abord écartée de l’enquête.

Puis, la situation se corse : ses patrons la soupçonnent d’être mêlée à l’affaire. Sophie Comtois devra mener en secret sa propre enquête, de façon à trouver le vrai coupable et sauver sa réputation.

LA SOCIÉTÉ ACTUELLE

Daniel Lessard, dans ce thriller, fait un portrait sans fard de la société actuelle : il parle de la haine des journalistes, de la nouvelle vision communautaire de la police, de la misogynie, de l’actualité, des dérives des médias sociaux.

« Mon point de départ, c’était la mort de George Floyd au Minnesota, quand le policier lui avait mis son genou sur la gorge et l’avait gardé là pendant une dizaine de minutes. Il y avait aussi à Montréal, Camara, le gars qui avait été arrêté faussement. On pensait qu’il avait tiré sur un policier et ce n’était pas lui. Il y a eu un cas assez célèbre dans une discothèque de Québec, où un Noir avait été arrêté parce qu’il était noir, essentiellement. Je suis parti de là. »

« Dans mes recherches, je suis tombé sur tous ces articles qui faisaient état de la nécessité pour les policiers de s’adapter à la vie d’aujourd’hui. Être policier aujourd’hui, c’est pas juste un gars avec des gros bras et son fusil à la ceinture, prêt à casser la gueule au premier venu », commente-t-il.

« Le policier, aujourd’hui, doit faire face à des trucs de violence familiale, de profilage racial, à tous les groupes marginalisés. Les cas de santé mentale sont multipliés par 10 et par 20 à Montréal. Et les policiers, généralement, n’étaient pas prêts pour cela. On fait un bien meilleur travail maintenant à l’école de police, mais c’est encore difficile, il y a encore un bout de chemin à faire, quoique les nouveaux policiers soient beaucoup plus ouverts à ces nouvelles réalités, et ils sont capables d’agir en conséquence, la plupart du temps. »

Daniel Lessard ajoute qu’il aime beaucoup se coller à l’actualité en écrivant ses romans. « J’ai été là-dedans longtemps. J’ai déjà fait les faits divers, au début de ma carrière. Je suis allé chercher des trucs de journaux, pour essayer de bien montrer c’est quoi la dynamique, c’est quoi le problème des policiers. Parce qu’être policier, là, c’est pas un cristi de cadeau. Moi, ils me paieraient une fortune pour être policier et je ne voudrais pas l’être. »

UN COMPLOT

Daniel Lessard a également imaginé, dans le roman, qu’un groupe complotait pour renverser le gouvernement du Québec. « Je ne te dis pas qu’il va y avoir un coup d’État au Québec, mais c’est pas si farfelu que ça. Je me suis dit : ça n’arrivera peut-être jamais… mais ça arrivera au moins une fois dans mon roman ! »

SOMMAIRE

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2022-11-26T08:00:00.0000000Z

2022-11-26T08:00:00.0000000Z

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