Le Journal de Montréal

LA RÉSURRECTION DE BRENDAN FRASER

Superstar omniprésente au cinéma dans les années 1990, Brendan Fraser a disparu des écrans de façon surprenante au tournant du millénaire. Qu’est-il arrivé à l’acteur pour qu’il s’éloigne aussi subitement du feu des projecteurs ?

RACHEL PAQUIN

Brendan Fraser a effectué un retour remarqué au grand écran cette année, dans le film

La baleine, du réalisateur Darren Aronofsky. L’acteur de 54 ans y joue un professeur d’anglais reclus souffrant d’obésité sévère qui tente de renouer avec sa fille Ellie, jouée par Sadie Sink.

Cette performance sans précédent lui a valu une ovation de six minutes au Festival international du film de Venise en septembre, et cela pourrait bien lui permettre de mettre la main sur un Oscar. Si les critiques à l’égard du jeu du comédien sont élogieuses, le chemin jusqu’à la reconnaissance, lui, a été parsemé d’obstacles.

COUP SUR COUP

Après avoir connu un succès monstre au début de sa carrière avec des superproductions telles que L’homme d’Encino, George de la jungle et la franchise La momie, Brendan a choisi de disparaître des écrans pendant de longues années.

Qu’est-ce qui a amené une valeur aussi sûre pour les studios de cinéma à se faire oublier ? D’abord, les années passées à cumuler rôle après rôle et à exécuter cascade après cascade ont commencé à avoir raison de son corps.

« Quand j’ai tourné le troisième film La momie en Chine [en 2008], je tenais avec du ruban adhésif et des sacs de glace », a-t-il raconté en entrevue au magazine GQ. Ces blessures l’amèneront à subir plusieurs opérations, si bien qu’il fera des allers-retours dans les hôpitaux pendant sept ans.

À cela s’ajoute le fait qu’à la même époque, il n’a pas réussi à décrocher le rôle qu’il convoitait, celui du superhéros Superman, ce qui lui a fait croire que son talent n’était pas à la hauteur de ses ambitions.

Rongé par un manque d’estime de soi, il s’est mis à jouer dans des films dont il était de moins en moins fier et qui rapportaient de moins en moins d’argent au box-office. Au même moment, son couple éprouvait aussi des difficultés. En 2007, après neuf ans de mariage, il a annoncé sa séparation avec Afton Smith, la mère de ses trois garçons.

UN DRAME TERRIBLE

Avec le corps et le coeur en miettes et une carrière en déclin, Brendan a aussi été ébranlé par une autre épreuve, vis-à-vis de laquelle il préférait toutefois garder le silence. Ce n’est que plusieurs années plus tard, en 2018, qu’il a confié à un journaliste qu’il avait été agressé sexuellement en 2003 par Philip

Berk, le président de la Hollywood Foreign Press Association et gourou de la remise des prix Golden Globe. L’agression aurait fait tomber le comédien dans une sévère dépression qui l’a empêché de travailler pendant des années.

« J’ai pensé à le dénoncer, mais je ne voulais pas devoir faire face à ce que cela me faisait ressentir ou que cela devienne une partie de mon histoire, a-t-il expliqué en entrevue. Je me blâmais pour ce qui était arrivé et je me sentais misérable. J’ai essayé de minimiser ce qui s’était passé. L’expérience m’a fait battre en retraite. Ça m’a fait me sentir à l’écart du monde. »

DIVINE RECONNAISSANCE

À la suite de sa longue traversée du désert, Brendan a effectué un retour timide au jeu en 2016, en incarnant un gardien de prison violent dans la série The Affair, puis en 2018, dans la série Le prix de la cupidité, qui raconte l’enlèvement du petit-fils du controversé magnat du pétrole John Paul Getty. Grâce à La baleine, il peut enfin se remettre à briller !

« Pour moi, ce n’est pas tant un retour qu’une occasion de réintégrer l’industrie, qui ne m’a pas oublié – même si plusieurs pensaient le contraire –, a-t-il dit à GQ. Je n’ai jamais été bien loin et je suis maintenant heureux d’être ici. »

WEEKEND

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2023-01-21T08:00:00.0000000Z

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