Le Journal de Montréal

Psycho

Les relations familiales ne sont pas toujours un symbole de réconfort et d’endroit sécuritaire pour les enfants. Pour des raisons diverses, certains jeunes développent des relations toxiques avec leurs parents, sans en être forcément conscients, du moins

SAMUEL PRADIER

Quand elle évoque sa mère, Sylvie est catégorique.

« J’ai une mère qui n’est pas affectueuse, et je ne me souviens pas d’avoir eu un moment de tendresse avec elle. Durant mon enfance, elle s’occupait de nous au niveau matériel, mais il n’y avait pas de câlins ou de tendresse. Dès l’âge de 12 ans, je n’avais qu’une envie, celle de partir de la maison. Mon père était gentil, mais il était souvent absent à cause de son travail. »

À l’adolescence, la situation de Sylvie ne s’est pas arrangée, sa relation avec sa mère s’est même compliquée.

« Elle a commencé à me dire constamment des choses méchantes. Je me sentais vraiment seule, et surtout je ne comprenais pas pourquoi elle réagissait comme ça. Quand je lui demandais, elle tournait le dos et sortait de la pièce. »

Pour ne pas sombrer, Sylvie a fait un choix drastique.

« J’ai choisi un programme d’études qui me demandait d’aller dans un cégep loin du domicile montréalais de mes parents. Je suis allé étudier à Jonquière et j’ai ensuite décidé de m’installer à Québec pour garder une distance. Je parle environ une fois par mois à mon père, et très épisodiquement à ma mère. Couper la communication m’a permis de me sauver. »

UN CERCLE VICIEUX

Stéphane ne souhaite pas couper les ponts, même s’il reconnaît à demi-mot que sa mère, omniprésente dans sa vie, est difficile à supporter.

« J’ai 38 ans, j’ai un emploi de consultant informatique et je vis seul, mais ma mère me fait encore un scandale lorsque je sors et que je ne lui dis pas à quelle heure je vais rentrer. Je suis conscient que c’est bizarre, mais elle a toujours été comme ça. »

Il a l’impression que sa mère ne veut pas le voir grandir et n’a toujours pas compris qu’il était un homme.

« On a toujours été très fusionnel, mais avec le temps, elle devient de plus en plus intransigeante. Si je fais des activités avec des amis, elle va me reprocher que je la délaisse et que je passe moins de temps avec elle. J’ai eu un copain durant quelques années, au début de la trentaine, et c’était l’enfer. Elle était très gentille avec lui, mais dès qu’il n’était pas là, elle le dénigrait et me disait des choses très méchantes sur lui et sur notre relation. »

Actuellement célibataire, Stéphane a l’impression de passer à côté de sa vie amoureuse pour ne pas déplaire à sa mère, et ne pas avoir à endurer sa méchanceté.

« J’étouffe dans cette relation, mais c’est ma mère, et je l’aime inconditionnellement. »

SOMMAIRE

fr-ca

2023-01-21T08:00:00.0000000Z

2023-01-21T08:00:00.0000000Z

https://jdm.pressreader.com/article/283081303336216

Quebecor Media