Le Journal de Montréal

Voici le Québécois méconnu qui a dirigé le premier Ô Canada… il y a 143 ans

Joseph Vézina est une figure emblématique de la vie musicale à Québec au tournant du XXe siècle. Voici un portrait de ce personnage, qui a dirigé la première exécution de l’Ô Canada ,il y a près de 143 ans.

CATHERINE LAVOIE Bibliothèque et Archives nationales du Québec Collaboration spéciale

Joseph Vézina est né le

11 juin 1849 à Québec. Il étudie à l’école Saint-Jean-Baptiste, au Séminaire de Québec ainsi qu’à l’école militaire.

Dans sa prime jeunesse, il reçoit de son père sa première éducation musicale. Il prend également des leçons d’harmonie avec Calixa Lavallée pendant quelques mois.

Il acquiert le reste de sa formation musicale de façon autodidacte.

La liste de ses réalisations et de ses compétences musicales est bien remplie.

Pendant sa longue carrière de musicien, Joseph Vézina a été professeur au Séminaire de Québec de 1884 à 1924, mais aussi l’un des fondateurs de l’École de musique de l’Université Laval, dont il a été l’un des premiers professeurs titulaires.

Il est le chef fondateur de l’Orchestre symphonique de Québec en 1902, chef de musique des Voltigeurs de Québec à partir de 1868 et directeur musical de plusieurs harmonies à Québec, organiste dans plusieurs paroisses de la ville et maître de chapelle à la basilique Notre-Dame de Québec.

CALIXA LAVALLÉE

Le 24 juin 1880, Joseph Vézina dirige la première exécution de l’Ô Canada lors d’un banquet au pavillon des patineurs à Québec.

Ce pavillon se situait immédiatement en dehors de la porte Saint-Louis, du côté nord de la Grande Allée, là où se trouvent aujourd’hui les monuments de Gandhi et de François-Xavier Garneau, non loin de l’Assemblée nationale.

L’Ô Canada avait alors été interprété à l’occasion du Congrès national des Canadiens français, au même moment que les célébrations pour la Saint-JeanBaptiste.

Il s’agissait de la pièce musicale principale de Mosaïque sur des airs populaires canadiens (op. 18), dont Joseph Vézina avait fait les arrangements.

Calixa Lavallée, considéré comme étant « le musicien national du Canada », a composé la musique pour accompagner le poème écrit par le juge Adolphe-Basile Routhier.

L’Ô Canada sera officiellement choisi comme hymne national du pays un siècle plus tard.

SES OEUVRES, DONT DES OPÉRAS

Aujourd’hui, les oeuvres de ce compositeur sont plutôt méconnues. Elles méritent pourtant d’être mises en lumière.

Selon les témoignages de l’époque, elles étaient très aimées du public.

En plus d’oeuvres pour fanfare et orchestre, Joseph Vézina a aussi écrit pour le piano et la voix, dont trois opéras comiques : Le lauréat, Le rajah ,et Le fétiche. Les trois opéras ont été créés par la Société symphonique de Québec respectivement en 1906, 1910 et 1912.

Un quatrième ouvrage lyrique,

La grosse gerbe, d’après un poème de Pamphile Le May, est demeuré inachevé.

TRADITION FAMILIALE

Plusieurs des enfants de Vézina ont poursuivi la tradition musicale au sein de la famille.

Raoul fut bassoniste et cornettiste à la Société symphonique de Québec dès sa fondation. Il en a également été président de 1926 à 1929.

Il a enseigné les instruments à vent à l’Université Laval et au Séminaire de Québec pendant plusieurs années. Ses frères Jules et Arthur, respectivement violoniste et bassoniste, furent aussi membres de la Société symphonique de Québec.

Pauline Fréchette, arrière-petite-fille de Joseph Vézina, fait aujourd’hui carrière aux États-Unis comme compositrice pour de grandes productions de musique populaire.

FUNÉRAILLES IMPRESSIONNANTES

Joseph Vézina est décédé le 5 octobre 1924 à l’âge de 75 ans. Ses funérailles ont eu lieu le 8 octobre à l’église Saint-Jean-Baptiste.

On lui fit d’impressionnantes funérailles militaires. Plusieurs fanfares, y compris la Garde Royale du 22e Régiment, y participèrent.

Des professeurs de l’Université Laval et des représentants des gouvernements fédéral, provincial et municipal étaient présents.

L’Orchestre symphonique de Québec et plusieurs chorales exécutèrent la Missa Solemnis de Pietro Alessandro Yon.

Après le service funèbre, le Royal 22e Régiment escorta la dépouille mortelle jusqu’au Monument des Braves, où il y eut une salve de mousqueteries.

Trois ans après sa mort, une stèle est élevée en son honneur au cimetière Belmont.

Son buste en bronze y trône fièrement.

HISTOIRE

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2023-01-21T08:00:00.0000000Z

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