Le Journal de Montréal

Pourquoi la situation actuelle de la Russie nous rappelle la révolution d’Octobre 1917

NORMAND LESTER Chroniqueur Collaboration spéciale

La mort de plusieurs centaines de conscrits dans une attaque de missiles ukrainiens la veille du jour de l’An a ravivé les récriminations contre les généraux russes pour la façon incompétente dont ils mènent leurs troupes. Les soldats russes étaient bivouaqués dans une école transformée en caserne temporaire. Les munitions stockées à proximité ont explosé lors de la frappe causant le plus grand nombre de morts en un seul fait d’armes depuis le début de la guerre.

Des affrontements entre conscrits russes et officiers ont été signalés à maintes reprises depuis quelques mois.

Ça rappelle ce qui s’est passé durant la Première Guerre mondiale, lorsque l’armée tsariste a fait face à un soulèvement de ses troupes dans ce qu’on nomme la « révolution de Février 1917 ».

Elle s’est en réalité déroulée en mars selon notre calendrier.

Ce fut le début d’une série d’événements qui provoqua le renversement de la dynastie des Romanov et mena à la révolution bolchévique d’octobre 1917.

DÉFAITE APRÈS DÉFAITE

Depuis le début de la guerre en 1914, la Russie subit défaite après défaite.

Les pertes russes sont effroyables, comme celles de troupes de Poutine actuellement en Ukraine.

En janvier 1917, l’armée du tsar a perdu près de six millions d’hommes, morts, blessés et disparus, et l’économie est perturbée par les coûts engendrés par la guerre. En 1915, le tsar Nicolas II prend personnellement le commandement de l’armée pour remonter le moral des troupes.

Il s’avère être un piètre chef, irritant ses propres généraux. Il a laissé sa femme, la très impopulaire tsarine Alexandra, une Allemande, gérer le pays.

Elle est sous l’emprise de son confident, le mystique Raspoutine.

La tsarine est convaincue qu’il est un messager de Dieu. Son regard perçant et son charme hypnotique envoûtent les femmes de la noblesse.

Il sera assassiné en décembre 1916 par des nobles qui le considèrent comme un charlatan débauché.

Les soldats tsaristes sur la ligne de front, qui se plaignent de manquer de nourriture, de munitions et d’uniformes appropriés, se mutinent par milliers.

En Russie, les grèves et les manifestations se multiplient. Une bonne partie de la population a perdu confiance dans le régime tsariste.

Le 8 mars 1917, des manifestants réclamant du pain descendent dans les rues de Saint-Pétersbourg, alors la capitale de l’empire : 90 000 hommes et femmes sont en grève. Dans les jours qui suivent, plusieurs régiments de la garnison de la capitale se joignent aux manifestants.

Le tsar Nicolas, sur le trône depuis 1894, est contraint d’abdiquer par les insurgés. Un gouvernement provisoire est installé à sa place.

Des travailleurs et des soldats mutins forment le soviet de Petrograd – le nouveau nom de Saint-Pétersbourg –, centre de pouvoir rival au gouvernement provisoire.

Les Allemands avaient permis au chef bolchévique Vladimir Lénine, en exil en Suisse, de traverser secrètement en train leurs lignes et d’entrer en Russie à travers la Finlande pour prendre le contrôle de la révolution.

LÉNINE

Le gouvernement provisoire de Kérensky introduit un programme de réformes au cours des mois suivants, mais s’obstine à maintenir la Russie dans la guerre.

Il est renversé par la révolution d’Octobre 1917.

Une fois au pouvoir, Lénine confie à Trotsky d’engager des négociations avec les Empires centraux qui, par le traité de Brest-Litovsk de mars 1918, apporteront la paix sur le front de l’est de la Première Guerre mondiale.

Sur les ordres de Lénine, le tsar Nicolas, sa femme et leurs cinq enfants sont tués à bout portant en juillet 1918 mettant fin à la dynastie des Romanov qui régnait sur la Russie depuis 1613.

HISTOIRE

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2023-01-21T08:00:00.0000000Z

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