Le Journal de Montréal

LA POÉSIE AVANT TOUT

Jusqu’au 11 février, au TNM, on peut voir le dramaturge et comédien Steve Gagnon incarner Albert Camus dans Je t’écris au milieu d’un bel orage. On en a profité pour en savoir plus sur ses écrits préférés.

KARINE VILDER Collaboration spéciale

La dernière fois que vous êtes allé faire un tour en librairie, avec quels livres êtes-vous ressorti ?

J’ai des enfants de trois et cinq ans qui sont passionnés de lecture et qui ont déjà une énorme bibliothèque ! Le vendredi soir, il nous arrive même de troquer la soirée ciné contre une soirée lecture et chips. Moi qui suis un grand lecteur, ce que je lis surtout maintenant, ce sont des livres pour enfants. Et je m’amuse énormément !

Quand je vais en librairie, je me dirige donc vers la section jeunesse et je ressors avec plusieurs albums, car c’est la seule chose que j’offre sans occasion particulière. La dernière fois, je crois que je suis parti de là avec Herbes folles de Marie Dorléans et Le fermier amoureux de Pim Lammers, un livre que mes enfants adorent en ce moment.

De toute l’oeuvre d’Albert Camus, quel est votre titre favori ?

C’est un peu particulier, parce que ce sont ses Discours de Suède ,qu’ila prononcés après avoir reçu le prix Nobel de littérature en 1957. Je me sens mal que ce soit ça, mon oeuvre préférée de lui. Mais j’ai vu une entrevue avec sa fille et Discours de Suède est également l’oeuvre de son père qu’elle préfère. Ces discours sont tellement accessibles et pertinents qu’ils devraient être lus par tout le monde au secondaire.

Y a-t-il un autre de ses livres dont vous aimeriez bien parler ?

Oui, de Lettres à un ami allemand .Ila écrit ça presque à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, et il y parle de discussions qu’il a eues avec de jeunes Allemands au début du conflit.

Il y a aussi la pièce de théâtre Caligula. Cet empereur sanguinaire a été confronté très jeune à la mort de sa soeur, et c’est tout ce tourment-là que j’ai été le plus surpris de découvrir.

Sinon, quels livres avez-vous littéralement adorés au cours de ces dernières années ?

Je me donne toujours pour mission de démocratiser la poésie, et tous les recueils que je vais citer sont hyper accessibles.

√ Quand je ne dis rien je pense encore de Camille Readman Prud’homme. On valorise énormément les gens qui sont drôles et qui parlent beaucoup en société, et Camille Readman Prud’homme fait l’éloge de ce qu’on tait. C’est bien, tout ce qu’on dit, mais ce qu’on ne dit pas est beau aussi, parce que ça peut être si précieux qu’on ne souhaite pas que tout le monde le sache.

√ J’adore tout ce que je lis de Carolanne Foucher. Elle est vraiment talentueuse, et ses recueils Deux et demie et Submersible sont très beaux.

√ La fatigue des fruits de JeanChristophe Réhel. Jean-Christophe est un poète très singulier qui a peu confiance en lui et qui souffre de fibrose kystique. Peu d’auteurs mettent en scène cette vulnérabilité chez les hommes et je trouve formidable qu’il le fasse, qu’il mette de l’avant une masculinité qu’on voit rarement. Je l’adore. √ Pour finir, je vais parler de Mona Chollet. Elle a écrit un essai limpide intitulé Réinventer l’amour qui parle de nos liens encore très patriarcaux et qui viennent saboter nos relations amoureuses. C’est très intéressant.

Et quel a été votre tout dernier gros coup de coeur ?

La maison nue de Marion Fayolle, qui est entre le livre d’art, le roman graphique et la bande dessinée. Il y a beaucoup d’illustrations, mais il y a aussi toujours des mots. Ça raconte l’histoire de trois personnages qui ne se connaissent pas. Un peu traumatisés par le monde extérieur, ils vont se rassembler dans une maison pour se donner du courage et panser leurs plaies. J’ai beaucoup aimé.

Côté théâtre, vous avez une pièce fétiche que vous aimez lire et relire ?

Je ne lis pas beaucoup de théâtre, parce que c’est mon travail… Mais Incendies, Littoral et Forêts de Wajdi Mouawad ont beaucoup inspiré le jeune artiste que j’étais. J’apprécie les langues qui sont singulières, et c’est d’ailleurs pourquoi je me suis tourné vers la poésie.

Y a-t-il un livre que vous vous promettez de lire sous peu ?

Je ne connais pas l’oeuvre de l’Américain Cormac McCarthy, mais j’ai tellement entendu parler de La route que je me dis qu’il va bien falloir que je le lise, même s’il paraît que c’est assez sombre.

Est-ce qu’il y a un livre dont vous ne pourriez jamais vous séparer ?

En fait, il y en a deux. Le souffle de l’harmattan et Du mercure sous la langue de Sylvain Trudel. Même si leurs histoires ne sont pas très jojo, ce sont pour moi des romans réconfortants, car je les ai tous les deux lus et appréciés vers la fin de l’adolescence.

LIVRES

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2023-01-21T08:00:00.0000000Z

2023-01-21T08:00:00.0000000Z

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