Le Journal de Montréal

MERVEILLEUX VOYAGE AU PAYS DES INNUS

EMMANUEL MARTINEZ Collaboration spéciale

Se rendre chez les Innus de la Côte-Nord prend plus de 10 h de route depuis Montréal, mais nul besoin de rouler aussi loin pour explorer une partie de leur univers. Il n’y a qu’à aller chez Duceppe voir la touchante pièce Manikanetish.

Cette adaptation du roman de Naomi Fontaine constitue un voyage essentiel pour en apprendre davantage sur ce peuple, et de manière plus générale sur les Autochtones, avec qui nous partageons le territoire.

Comme dans le livre, le récit s’inspire de la vraie vie de l’autrice, qui se retrouve d’ailleurs sur scène comme narratrice. Celle qui a grandi dans la région de Québec revient à Uashat, sur la Côte-Nord, pour enseigner le français à l’école secondaire dont le nom de la production est tiré. Désirant renouer avec ses racines tout en motivant les adolescents, l’héroïne est confrontée à des différences culturelles et à son inexpérience pédagogique face aux élèves indisciplinés puisqu’elle sort tout juste de l’université.

JEUNES AUTOCHTONES SUR SCÈNES

La distribution est entièrement autochtone à l’exception d’un musicien. Ce sont pour la plupart de jeunes Innus de la CôteNord, mais il y en a un de Mashteuiatsh ainsi qu’une Mi’kmaq de Gespeg. Même s’il s’agissait de leurs premiers pas au théâtre, les jeunes comédiens se débrouillent fort bien. On retrouve notamment Sharon Fontaine-Ishpatao, qui s’était distinguée dans l’excellent film Kuessipan, et qui incarne Yammie, l’enseignante au coeur du récit.

Cette mise en scène de Jean-Simon Traversy fait une belle place à la culture des Innus grâce à de la musique et quelques phrases dans leur langue.

Après des débuts hésitants, l’histoire prend son envol alors que les acteurs gagnent en confiance en passant avec facilité de l’humour au drame. Les nombreuses répliques drôles dérident le public et offrent un contraste très efficace pour amener des moments tragiques, à l’image de ce que vivent malheureusement trop souvent les communautés autochtones. Les problèmes sociaux sont donc abordés sans toutefois prendre trop de place.

Ce portrait simplifie certes la vie de ces jeunes, mais il sensibilise certainement la majorité de l’auditoire tout en présentant de manière touchante leurs défis et leurs accomplissements.

« Nos voix se font entendre », dit-on à la fin du spectacle. Cette production, qui sortira de la métropole, mérite d’être vue par tous.

WEEKEND | THÉÂTRE

fr-ca

2023-03-18T07:00:00.0000000Z

2023-03-18T07:00:00.0000000Z

https://jdm.pressreader.com/article/281754158556264

Quebecor Media