Le Journal de Montréal

CÉLÉBRER L’EFFERVESCENCE MUSICALE DES ANNÉES 90

Cinq questions à Anne-Marie Withenshaw, productrice au contenu de Quépop

EMMANUELLE PLANTE Collaboration spéciale emmanuelle.plante @quebecormedia.com

Dans les années 1990, Anne-Marie Withenshaw était déjà une grande fan de musique. En 1998, elle entre à Musique Plus où elle a la chance de côtoyer des idoles et de partager sa passion. Vingt-cinq ans plus tard, l’animatrice et productrice a accepté de se replonger dans cette décennie où tout était possible.

Celle que l’on voit à C’est juste de la

télé et qu’on entend sur les ondes de WKND radio, a recruté une équipe de connaisseurs à la mémoire bien aiguisée afin de nous offrir six épisodes riches en archives et en témoignages pour satisfaire les plus nostalgiques comme les plus curieux.

Pourquoi faire revivre les années 1990 en 2023 ?

Il y a des gens nostalgiques, mais on arrive aussi à un point où l’on remarque que beaucoup de jeunes sont curieux de cette époque-là. Moi-même, quand j’étais ado, je tripais sur Metallica, le R&B et la musique de mes parents des années 70. Il y a le même écart entre les Beatles et Nirvana qu’entre Nirvana et nous aujourd’hui. Les années 90, c’est la décennie où il s’est vendu le plus d’albums. Le Québec s’émancipait, on cherchait à s’exporter. On s’est demandé ce qu’il en reste, ce qui rejaillit.

Est-ce que le booking s’est fait facilement ?

On a réuni 45 artistes qui ont partagé généreusement leurs souvenirs et ouvert leurs archives. C’est une série qui se veut une célébration. Seuls Jean Leloup et Daniel Bélanger ont refusé de témoigner. J’ai écrit une lettre manuscrite à Daniel Bélanger, mais il n’aime pas se pencher sur le passé. Jean Leloup, c’est comme le père Noël, il fait partie de notre imaginaire. Parler aux journalistes ne fait plus partie de sa vie. Je respecte ça. Mais entendre Isabelle Boulay ou France D’Amour parler de Jean Leloup, c’est magique. C’est fascinant d’entendre Roch Voisine parler de la Rochmania, ou Josée Aumais, qui était la conjointe de Patrick Bourgeois, parler de la BBmania, du fait qu’elle n’avait pas le droit de se faire voir avec Patrick parce que les fans étaient jalouses. Même chose pour les survivants des Colocs. J’ai dû annoncer la mort de Dédé Fortin à la télé et j’en garde un souvenir très difficile.

La série est riche en archives. La musique est très présente. Ça a dû être un défi de trouver et d’obtenir les droits de tout ça ?

Je dois dire que la petite équipe de Quépop est une méchante équipe de nerds. J’avais plusieurs archives gravées dans ma mémoire et c’était la même chose pour Nicolas Tittley (scénariste) et Charles Gervais (réalisateur). Pour l’épisode 6, quand on aborde le côté sombre de la machine à stars avec Jacinthe, je me souvenais de la une du Summum qu’elle avait fait avec Elisabetta. Tomber sur une archive de Radio-Canada qui nous explique ce qu’est un rave, c’est délectable. En ce qui concerne la musique, nous en avons deux fois plus que dans n’importe quel autre documentaire. L’équipe de La négo, qui est formée de spécialistes, a travaillé fort pour obtenir les droits. Dans certains cas, pour des chansons auxquelles on tenait, on les a eus à la dernière minute. On a eu chaud. Mais on a des pépites de libération. Il faut parfois faire pas mal de démarches pour attribuer les droits d’un « Wowo-wo-la-la-la-yé-yé-yé » quand Mario Pelchat et Céline Dion poussent la note sur Plus haut que moi.

Pourquoi avoir fait le choix d’une série sans animateur ?

Ce n’était pas nécessaire. Ça allait bouffer des minutes à des gens qui ont plein de choses à dire. Il y a une mode de voir des documentaires portés par des vedettes, mais ça place un point de vue, une perspective unique. Éric Lapointe n’a pas la même perspective que Gabrielle Destroismaisons. Je voulais que ce soit un kaléidoscope. C’était un choix éditorial. Dans la plupart des cas, j’ai un souvenir d’adolescente. J’ai acheté le premier album de Mitsou, mais je ne me souvenais pas de toute l’attention négative dont elle a été victime par rapport à l’hypersexualisation. Je préfère l’entendre en témoigner.

Quelles sont les belles découvertes que tu as faites ?

Chaque épisode a ses pépites. France D’Amour qui dort dans son case de guitare, François Pérusse qui était musicien pour Jean Leloup, Mara Tremblay qui est une grande source d’informations sur les partys. Mais je retiens qu’on a tous une vision linéaire du succès. Pour la plupart, la route a été plus le fun que la destination. C’était une époque sex-drug-rock’n’roll qui ne pourrait plus exister en 2023.

Quépop, les jeudis 21 h à TVA

TÉLÉVISION

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2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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