Le Journal de Montréal

Nos voix intérieures

Que ce soit en secret, avec gêne ou sans complexe, se parler à soi-même est un phénomène beaucoup plus fréquent et répandu qu’on ne le croit. Et d’ailleurs, c’est normal et tout à fait sain.

Dre CHRISTINE GROU

Beaucoup de croyances non fondées demeurent quant au fait de se parler seul : associée à la solitude, voire à une forme de douce folie, il s’agirait selon certains d’une curieuse maladie dont il faudrait absolument se guérir. Or, rien n’est plus faux. Les raisons pour lesquelles nous avons le réflexe de nous parler tout seul et à voix haute sont en effet multiples, et toutes plus légitimes les unes que les autres.

POURQUOI SE PARLE-T-ON ?

D’abord, nous nous parlons déjà intérieurement et silencieusement – certains évoquent d’ailleurs souvent leur voix intérieure.

Ce dialogue avec soi-même peut être une façon efficace de se créer un espace pour réfléchir, tergiverser, organiser sa pensée, ou encore ses idées.

Se parler à soi-même peut aussi nous aider à nous recentrer sur nos objectifs, sur l’essentiel, et à faire fi des distractions, avant une situation ou une épreuve particulièrement stressante, par exemple. Pensons à un athlète olympique qui se parle à voix haute pour se concentrer avant une compétition, ou encore à un joueur de tennis qui se parle après avoir perdu un échange important afin de réguler ses émotions.

Le fait de se parler à voix haute peut aussi nous aider à mettre en ordre ou à organiser certaines informations afin de nous aider à mieux les mémoriser. Qui n’a pas déjà compté à voix haute pour réussir un calcul complexe, ou répété les chiffres d’un numéro de téléphone pour mieux s’en souvenir ?

Ce dialogue avec soi-même peut aussi nous servir d’aide-mémoire, faisant office de « liste mentale » au moment de quitter la maison par exemple : ai-je bien verrouillé la porte ? Le système d’alarme est-il activé ? Ai-je mon portefeuille ?

Chez les enfants qui se construisent un monde imaginaire, le fait de se parler à eux-mêmes favorise grandement leur créativité. Mais ils peuvent aussi le faire lorsqu’ils sont fâchés contre leurs parents, permettant de mettre des mots sur leur frustration, de mieux la comprendre, de l’apaiser, et ainsi mieux l’exprimer au fil du temps.

Il en va de même chez les adultes. En voiture par exemple, il peut tous nous arriver d’exprimer à voix haute des frustrations devant l’insouciance de certains automobilistes… surtout les plus imprudents. Le fait d’exprimer (à soi-même !) nos frustrations peut aussi nous aider à atténuer les émotions ressenties, et ainsi, à mieux nous ajuster à notre environnement.

POUR MIEUX PRENDRE SOIN DE SOI

Se parler à soi-même, c’est aussi parfois prendre soin de son estime personnelle, en plus de nous permettre de prendre une distance avec le monde extérieur et de nous recentrer sur nos valeurs, sur notre identité.

Cela peut aussi nous aider à nous sortir de notre torpeur devant les difficultés et les aléas de la vie. Se répéter des mots d’encouragement, ou simplement se réconforter comme on le ferait envers un meilleur ami, voilà qui procure de nombreux bienfaits.

Que ce soit pour améliorer notre attention, nous aider à mémoriser une information, à mieux nous concentrer, à nous redonner confiance ou organiser nos idées, le fait de piquer une jasette avec soi-même nous permet de nous donner un espace intérieur précieux et dont nous pouvons grandement bénéficier. Après tout, si j’ai quelque chose à me dire, cela doit bien mériter d’être écouté !

WEEKEND | PSYCHO

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2023-03-18T07:00:00.0000000Z

2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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