Le Journal de Montréal

L’incroyable parcours de Clémence DesRochers

LOUISE BOURBONNAIS Collaboration spéciale louise.bourbonnais @quebecormedia.com ■ L’auteur Mario Girard a aussi signé les livres Les Belles-Soeurs, l’oeuvre qui a tout changé, la biographie de Renée Claude, Donnemoi le temps ,et Il se voyait déjà! Aznavo

Actrice, humoriste, autrice, Clémence DesRochers est une artiste avant-gardiste avec un bagage exceptionnel acquis pendant ses 60 ans de carrière. Comédienne à la télévision et au théâtre, elle a aussi fait de la musique et écrit de la poésie. Dans sa biographie qui vient de paraître, on découvre une femme fougueuse et libre, mais surtout une femme habitée par la scène et les spectacles d’humour qu’elle a donnés qui lui ont insufflé une jeunesse inaltérable.

Lorsque l’on constate l’incroyable parcours de Clémence DesRochers, depuis ses débuts sur la scène de La Roulotte de Paul Buissonneau, ce théâtre mobile qui sillonne les parcs de la métropole, jusqu’aux nombreuses distinctions reçues, on ne peut que saluer cette grande dame qui a relevé de nombreux défis.

« Je suis moi-même surprise du chemin parcouru », admet-elle d’emblée.

C’est l’auteur et journaliste Mario Girard qui a pris l’initiative d’écrire une biographie en allant d’abord frapper à sa porte. La principale intéressée lui a ouvert la sienne et rapidement une belle complicité s’est installée entre eux.

« Il est devenu un ami », confie Clémence DesRochers, visiblement fière de sa biographie illustrée riche en anecdotes et en confidences.

Aujourd’hui âgée de 89 ans, elle y raconte tout: depuis son enfance à Sherbrooke, où elle a grandi avec un père infidèle en amour, jusqu’à ses moments de gloire, en passant par des périodes plus difficiles.

C’est néanmoins son père et poète, Alfred DesRochers, qui lui a transmis l’amour de l’écriture, de la poésie et des livres. « Sans lui je n’aurais pas fait ce métier », insiste-t-elle.

Parmi les moments plus difficiles, on pense notamment à La Boite à Clémence ouvert avec l’un des restaurants d’Yvon Deschamps. Elle a malheureusement dû faire faillite et a perdu toutes ses mises en 1968. « C’était après l’Expo 67 et il n’y avait plus de touristes, c’était une période difficile », fait-elle remarquer.

Mais Clémence en avait vu d’autres, d’autant plus qu’elle a laissé le nid familial à 17 ans.

Après un bref passage dans l’enseignement, elle entrera au conservatoire d’art dramatique pour y faire son chemin. Certains se souviendront de l’avoir vu à la télévision dans La famille Plouffe ou encore dans Grujot et Délicat.

UNE FEMME PARMI LES HOMMES

Dans son livre, on raconte qu’elle est une pionnière, et c’est la vérité. À l’époque, on n’utilisait pas le terme humoriste,

■ Clémence DesRochers a reçu de nombreux prix et distinctions.

■ En 2004 elle gagne le Prix Jutra de la meilleure actrice dans un rôle secondaire pour le film La Grande Séduction

■ En 2009, elle reçoit le Prix du

c’était avant même les fameux monologues d’Yvon Deschamps. Et des femmes qui faisaient de l’humour, il n’y en avait pratiquement aucune.

Même si Clémence a fait rire pendant des décennies sur scène en écrivant ses propres spectacles, elle ne s’est jamais définie comme une humoriste.

« Je racontais des histoires drôles sur scène, mais la musique y occupait aussi une grande place », souligne-t-elle.

De plus, elle a souvent travaillé en équipe.

Il y a eu les années cabaret en 1957 avec Jacques Normand, où elle fait ses débuts au Cabaret Saint-Germain-desPrés. « Jacques a été pour moi un mentor », précise Clémence DesRochers.

Fin des années 50 il y a eu les Bozos, puis dans les années 60, les boites à chansons et les revues musicales au Patriote. On se souvient notamment du spectacle Les Girls, avec entre autres, Louise Latraverse et Diane Dufresne.

C’est vers la fin des années 70 et débuts 80 que l’on découvrira son grand talent, alors qu’elle est seule sur scène avec notamment, Plus folle que jamais.

BRISER LES TABOUS

Chose certaine, Clémence a toujours été bien entourée tout au long de sa carrière et de sa vie personnelle. Sur ce plan, elle rappelle fièrement sa relation avec Louise Collette, complice de vie et aussi sa gérante. « Nous sommes ensemble depuis plus de 50 ans, rappelle-telle.

Gouverneur général pour les arts de la scène, et en 2015, l’Ordre des arts et des lettres du Québec.

■ Elle a également reçu la médaille de Chevalière de l’Ordre National du Québec en 2001 et est Officière de l’Ordre du Canada depuis 2010.

Elle a propulsé ma carrière. »

D’ailleurs, sans en être tout à fait consciente, elle a fait avancer la cause des femmes lesbiennes. Pour elle, c’était simplement un choix fait en toute liberté. Elle a même écrit une chanson sur l’amour qui unit deux femmes, intitulée Deux vieilles.

Elle s’est aussi attaquée à d’autres tabous féminins sur la ménopause avec ses spectacles, J’ai show, puis, De retour après la ménopause. « J’ai toujours été libre de faire mes choix, sans écouter les autres », affirme-t-elle.

Ses plus grandes fiertés, ce sont toutes ces années reliées à la scène. Mais ce sont aussi ses poèmes. D’ailleurs, plusieurs d’entre eux se retrouvent dans sa biographie. Des textes écrits de sa main, à la plume.

Clémence est consciente du poids de son âge. Elle aimerait remonter sur scène sachant bien que ce serait difficile. C’est pour cette raison que ses derniers spectacles ont été donnés avec Marie Michèle Desrosiers.

« On avait une belle complicité et je n’avais pas à tout porter sur mes épaules », conclut-elle.

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2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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