Le Journal de Montréal

ROMAN NOIR AU TEMPS DE LA GUERRE DES MOTARDS

MARIE-FRANCE BORNAIS

Écrivain de renom, Jacques Côté rêvait depuis longtemps d’écrire un roman noir. Il s’est lancé à fond dans ce projet en écrivant Requiem américain, polar en deux tomes se déroulant sur fond de guerre des motards dans le Québec des années 90. Au-delà du récit palpitant d’une lutte entre rivaux du crime organisé, Requiem américain montre le drame secret engendré par la rupture des liens entre deux frères et l’effritement inévitable du tissu familial.

L’action commence à Montréal dans les années 1990. Fraîchement libéré de prison, Marc Hamel, la tête dirigeante des Hells Angels, commande un assaut en règle contre les Rock Machine. L’enjeu : étendre leur territoire et contrôler le marché de la drogue.

La restructuration de ces deux clans ennemis engendre rapidement la confusion et le chaos. Montréal devient une poudrière et les règlements de compte s’enchaînent. Les bombes explosent.

Pour enrayer cette escalade de violence, l’équipe d’Owen Hayden, lieutenant du SPCUM, doit frapper vite et fort. Mais il y a un hic : le frère d’Owen, Tom, est le bras droit de Marc Hamel.

LES GANGSTERS D’ANTAN

Jacques Côté, amateur de romans noirs depuis plusieurs années, s’est passionné pour cette période mouvementée, tout en décrivant l’histoire d’une famille au bord de l’éclatement.

« Je suis un auteur de romans policiers et j’ai toujours aimé le roman noir américain. Il y avait des romans noirs américains qui se passaient dans les années 1920-1930, à l’époque d’Al Capone, de Chicago, de la guerre des gangs », dit-il en entrevue.

Quand il était jeune, il adorait ces histoires. « J’avais 11-12 ans et je connaissais par coeur tous les gangsters de Chicago, comme les petits gars connaissent les joueurs de hockey sur les cartes. S’il y avait eu des cartes de gangsters, à l’époque, je les aurais achetées ! »

DEUX FRÈRES, DEUX CLANS

La guerre des motards l’a beaucoup intéressé.

« J’ai beaucoup lu là-dessus et j’ai vu plein de documentaires. Mais tout a été dit ou à peu près. Je me suis dit : je vais créer ma propre guerre des motards, où les gens vont être en mesure de reconnaître certains drames, certaines étapes liées à la guerre des motards. »

Au-delà de ce décor et de ces événements spectaculaires, abondamment médiatisés, Jacques Côté souhaitait décrire le tissu effrité d’une famille qui est en train d’éclater, et le lien entre deux frères que tout oppose.

« L’un est chef d’une escouade antigang et fait ça depuis longtemps, et son frère est sergent d’armes chez les Hells Angels. C’est vraiment la tête montante, celui qui va éventuellement prendre le relais. »

LA FAILLE ENTRE EUX

Au-delà des grandes confrontations présentées dans le roman, l’écrivain voulait montrer la faille qui s’élargit entre les deux frères.

« C’est ça qui m’intéressait : tous les moments où ils ont le droit de se voir dans la légalité, et les moments où, illicitement, ils vont se voir et prendre un risque. Ça m’intéressait, ces moments où les deux se voient. Ils ont des choses à se dire et des comptes à régler. »

« J’aborde dans le livre la corruption possible, la tentation du gang, dans une optique où je documente la guerre des motards. Elle m’a énormément intéressée, j’ai lu là-dessus des ouvrages extraordinaires. Mais je voulais traiter ça dans un cadre typiquement romanesque. »

Dans le deuxième tome, à venir en 2024, on ira encore plus vers le roman noir, promet-il. « Je me fais plaisir parce que ça fait longtemps que je voulais faire un roman noir et là, j’ai la possibilité de le faire sur deux tomes. C’est vraiment pour moi très agréable ! »

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2023-03-18T07:00:00.0000000Z

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