Le Journal de Montréal

LES VEDETTES EN ONT ASSEZ

L’avènement des réseaux sociaux a permis au public de se rapprocher comme jamais auparavant de leurs vedettes. Pour le meilleur et aussi, malheureusement, pour le pire. Les menaces de mort, le harcèlement, l’intimidation et les insultes proférées en ligne sont devenus le quotidien de plusieurs artistes qui se demandent bien ce qu’ils ont fait pour mériter un pareil sort.

Pendant quatre ans, dans la foulée de son procès médiatisé qui l’opposait à l’humoriste Mike Ward, Jérémy Gabriel a vécu un enfer virtuel.

« Je me faisais demander pourquoi je n’étais pas encore mort et quand j’allais mourir, que j’étais trop laite pour vivre, que je ne chantais pas bien. On m’insultait aussi par rapport à mon handicap, sur mon apparence physique, mes oreilles, mes malformations au niveau du visage. »

Le cas de Jérémy Gabriel est extrême, mais il n’est pas isolé.

Dans notre reportage, des personnalités du monde artistique et médiatique témoignent de la violence virtuelle qu’elles ont subie et de l’impact que ces commentaires fielleux, émis par des gens qui se transforment en hyènes quand ils sont cachés derrière un clavier et un écran, ont eu sur elles et leur entourage.

Signe que le sujet demeure délicat, plusieurs personnalités publiques contactées par Le Journal ont préféré ne pas revenir sur le harcèlement dont elles ont été victimes.

Il n’empêche que plusieurs d’entre elles en ont assez d’être la cible des pires insultes en ligne et prennent des mesures pour freiner ce fléau.

« MA SANTÉ MENTALE ALLAIT ÉCOPER »

« Au début, raconte l’agente de Marie-Mai, Shannie Ladouceur, j’avais la charge de surveiller ses réseaux sociaux. C’était épouvantable. Je sentais que je vivais de l’intimidation par procuration. À un moment, j’ai dit : “c’est terminé”, car c’est ma santé mentale qui allait écoper. Alors, imaginez comment peut se sentir MarieMai, et ça ne va pas en s’améliorant. »

« Derrière un clavier, certaines personnes deviennent quelqu’un d’autre et dévoilent leur côté animal en pensant que cela n’a pas d’impact sur nous. Vous avez le droit d’être en désaccord avec moi, écrivez-moi, on va en discuter. Mais des menaces, c’est inacceptable. L’été dernier, j’ai passé des semaines à me promener à Montréal en ayant peur », confie la chroniqueuse du Journal, Sophie Durocher.

« Les gens ne réalisent pas à quel point c’est un lien direct. Des commentaires plates en public, sur des murs de réseaux sociaux, c’est une chose, mais directement dans ma boîte personnelle, je vois cela comme quelqu’un qui vient chez moi, frapper à ma porte, pour me crier des insultes », renchérit l’animatrice Patricia Paquin.

SE RETIRER DES RÉSEAUX SOCIAUX

La liste des artistes ciblés par les harceleurs en ligne est longue.

Sébastien Delorme, Mariana Mazza, Dany Turcotte, P-A Méthot, Guylaine Tremblay, Safia Nolin, Ève-Marie Lortie, Bianca Gervais, Véronique Cloutier, Ariane Moffatt, Pénélope McQuade, Mélanie Maynard, Léa-Clermont Dion et plusieurs autres en ont été victimes à divers degrés, au point où certains ont carrément quitté les réseaux sociaux.

« J’ai reçu des menaces de mort sous forme de messages publics et de messages personnels. On m’a même envoyé des lettres de menaces et d’intimidation écrites à la main à mon bureau. Cela a fait que j’ai complètement décroché des réseaux sociaux », révèle la chroniqueuse nutrition Isabelle Huot.

« J’ai supprimé Twitter, je ne mets plus rien sur ma page Facebook parce que je n’ai plus l’énergie de faire de la modération ou gérer les commentaires. J’ai aussi changé mon nom sur mon compte personnel. J’ai essayé d’être le plus discret possible », dit Jérémy Gabriel.

« JE ME FAISAIS DEMANDER POURQUOI JE N’ÉTAIS PAS ENCORE MORT » – Jérémy Gabriel

WEEKEND

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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