Le Journal de Montréal

PHILIPPE B N’A PAS ESSAYÉ DE SE RÉINVENTER APRÈS L’ARRIVÉE DE SA FILLE

RAPHAËL GENDRONMARTIN Le nouvel album de Philippe B, Nouvelle administration, est en vente. Pour toutes les infos: philippeb.ca

À l’âge de 44 ans, Philippe B est devenu papa pour la première fois. Alors en pause d’écriture, l’auteur-compositeur a décidé de se consacrer entièrement à son nouveau rôle, avant de s’attaquer à la création d’un nouvel album. Puis est arrivée la pandémie. Après une longue pause dans sa bulle familiale, le musicien est enfin prêt à présenter du nouveau matériel. Et ses admirateurs constateront qu’il n’a [presque] pas changé d’un iota.

Ton dernier album, La grande nuit vidéo, est sorti en 2017. Pourquoi avoir attendu si longtemps avant de sortir du nouveau matériel ?

« C’est à cause que j’ai pris une pause paternité et ça s’est enchaîné tout de suite après avec la pause pandémique. Comme je n’avais pas de deadline, j’écrivais des chansons et je n’étais pas si pressé. Quand ma fille a fêté son premier anniversaire, c’était le début de la pandémie. La bulle familiale s’est prolongée, mais on était déjà là-dedans depuis un bon bout. Ma fille a commencé la garderie quand elle avait deux ans et demi. »

Est-ce que cette nouvelle vie familiale pour toi a teinté l’écriture des chansons ?

« Il y a certaines chansons dont la genèse était avant la naissance [de sa fille]. D’autres dont les idées étaient avant la pandémie. Tout ça s’est fait sur une longue période de temps.

« Mais je dirais que le plus gros, c’était vraiment d’être à la maison avec la petite, avec ce que ça requiert comme espace mental, mais aussi carrément comme espace physique. On était tous dans la même maison, les trois dans notre bulle. De trouver le temps et l’espace mental de juste écrire des chansons, avec un bébé qui crie à côté…

« Je n’ai pas essayé de me réinventer comme auteur-compositeur-interprète. En fait, je me demandais plus si l’auteurcompositeur-interprète existait encore dans cette nouvelle vie. Ce n’était pas de dire que je pouvais faire de meilleures chansons qu’avant. C’était plutôt : est-ce que je suis encore capable d’écrire des chansons avec un bébé dans les bras ? […] Le travail a été plus long, mais les chansons ont trouvé leur chemin. »

La chanson Pauline à la ferme fait-elle référence à ta propre fille, Pauline ?

« Oui, et elle trouve ça très drôle d’avoir une chanson avec son nom dedans [rires]. Je ne montre pas ma fille sur les réseaux sociaux, mais je me suis permis de l’exposer dans cette chanson. C’est venu un peu par hasard. Après sa naissance, je ne faisais plus de spectacles. Mais on m’a invité à aller faire un concert à l’aube à Baie-Saint-Paul [au Festif!, en 2019]. Pauline à la ferme, c’était le nom du spectacle. Parce qu’on allait à l’hôtel La Ferme et on savait qu’il y aurait des animaux.

« Je suis parti de ce voyage pour faire un exercice d’écriture, une réflexion sur l’idée d’où on choisit de faire sa vie. En choisissant l’endroit où on habite, je suis en train de définir son identité à elle. Par exemple, elle sera une fille de campagne ou de ville. Je trouvais ça vertigineux d’être en train de faire des choix fondamentaux. »

Avez-vous déménagé dernièrement ?

« Après moult tergiversations, on a déménagé dans un nouvel appartement au début de la pandémie. Puis, parce qu’on avait trop de temps à réfléchir, on a acheté une maison et on a déménagé à Mont-Saint-Hilaire, il y a deux ans. Et là, on a vendu la maison et on habite au coin Jarry et Saint-André [à Montréal]! Comme dans la chanson Pauline à la

ferme, on se promène partout. On ne sait pas où on veut aller. »

À quelle Marianne fais-tu référence dans la chanson Marianne s’ennuie ?

« Pour une vraie réponse officielle, c’est la Marianne de [Leonard] Cohen, carrément. C’est un peu comme si je faisais du fan fiction, comme une extrapolation à partir de personnages fictifs qui viennent d’une oeuvre. C’est un peu ma Madame Bovary que je prends et je lui invente un quotidien. C’est un peu en réaction aux lettres d’amour entre Cohen et Marianne qui ont été vendues aux enchères. […] « C’est une réflexion sur le couple ouvert, sur ce flottement-là. Les deux ne sont pas toujours à la même place. Je m’imaginais les moments de Marianne, seule en Grèce, pendant que lui était sur les amphétamines dans une chambre d’hôtel à New York. »

Pourquoi as-tu décidé d’appeler ton album Nouvelle administration ?

« C’est la huitième chanson de l’album. Le refrain parle de cette idée de quand on essaie de changer et de passer à une autre étape de notre vie. Des fois, on le fait de façon un peu artificielle, en déménageant, en se faisant couper les cheveux ou en changeant de travail. C’est un truc symbolique qui est toujours porteur d’espoir.

« Pour moi, ça évoquait beaucoup. C’était cette idée-là que ma vie serait très différente d’avoir un premier enfant après 40 ans. Comment je pourrais continuer d’être un musicien qui écrit des chansons et fait des spectacles. Et effectivement, ça change tout. Mais pas tant que ça en même temps. On est la même personne. On n’est pas pareil, mais on est pareil. Fondamentalement, je suis le même gars. »

MUSIQUE

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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