Le Journal de Montréal

UN TOURNAGE CHARGÉ EN ÉMOTIONS POUR KARINE VANASSE ET RÉMY GIRARD

MAXIME DEMERS

C’est une expérience qu’ils n’oublieront pas de sitôt. Pour incarner des missionnaires Oblats dans le drame historique L’ombre des corbeaux, Rémy Girard et Karine Vanasse ont passé plusieurs jours à tourner dans l’ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, où les restes de 215 enfants autochtones ont été retrouvés il y a deux ans.

« C’était vraiment très émouvant de tourner dans un lieu chargé d’une histoire et d’une présence aussi importante », confie en entrevue Karine Vanasse, en disant avoir encore des frissons dans le dos en repensant à cette expérience.

« Quand tu arrives à Kamloops, tu vois cet énorme édifice au loin. On peut le voir comme la maison hantée de l’endroit, mais ils ont décidé de ne pas détruire le lieu pour que les familles puissent venir récupérer l’esprit des enfants. Cette force-là, de dire qu’on va transformer quelque chose de laid en quelque chose d’utile, je trouve ça beau. »

Réalisé par Marie Clements, L’ombre des corbeaux (Bones of Crows en version originale anglaise) relate le parcours de la matriarche crie Aline Spears (campée par l’actrice Grace Dove), de son enfance passée dans le système des pensionnats canadiens jusqu’à son combat qui l’a menée au Vatican.

Consciente que le sujet de son film pouvait raviver des blessures douloureuses au sein de ses acteurs (majoritairement autochtones) et des membres de son équipe de tournage, la réalisatrice Marie Clements s’est assurée d’instaurer une ambiance sereine sur son plateau.

« Quand on avait des scènes plus difficiles à tourner pour les enfants, il y avait des aînés qui venaient faire des séances de purification pour toute l’équipe », relate Karine Vanasse.

« Pour les scènes d’abus, il y a un grand soin qui a été accordé aux acteurs pour que ça soit clair que ce n’était pas nous qui posions ce gestelà. Je n’ai jamais vécu un plateau où le monde spirituel est autant nommé pour le respect de l’histoire qu’on racontait. »

« On sentait que le fait d’être dans les vrais lieux, ça amenait une dimension spirituelle, mystique, à ce qu’on était en train de jouer, ajoute Rémy Girard. Sachant qu’on était dans les mêmes corridors, avec les mêmes portes, les mêmes planchers, les mêmes murs. Les enfants, c’était là qu’ils vivaient. »

Pour les deux acteurs québécois, la présence des esprits des enfants était d’ailleurs palpable tout au long du tournage.

« Quand on a tourné à Kamloops, ça faisait un peu plus d’un an que les corps avaient été découverts, rappelle Karine Vanasse. Entre les prises, quand on regardait par les fenêtres du pensionnat, on voyait les toutous et les croix qui avaient été laissés par les familles des enfants à l’endroit où ils avaient été trouvés. »

UN DEVOIR DE MÉMOIRE

Comme tout le monde, Rémy Girard a été bouleversé en apprenant la découverte de 215 corps d’enfants sur les terrains du pensionnat de Kamloops, en mai 2021. L’idée de participer à un film qui relate cette partie sombre de notre histoire l’a tout de suite interpellé.

« Je pense que c’est la première fois au cinéma qu’on a le point de vue des Autochtones. C’est une production autochtone, écrite, réalisée et produite par des Autochtones, avec des acteurs et des techniciens autochtones. Il y a juste deux Blancs dans le film, et c’est Karine et moi. Ça, pour moi, c’était quelque chose de nouveau. J’ai trouvé le scénario intéressant parce qu’on ne connaissait pas cette histoire dans ses fondements. Là, on voit réellement ce qui s’est passé. »

Même son de cloche du côté de Karine Vanasse :

« Il y a une grande fierté dans le fait que les producteurs du film se soient accordé le temps et les moyens de bien raconter cette histoire », fait-elle valoir.

« La réalisatrice était vraiment habitée par le projet. Il y avait une détermination, mais aussi une grande lumière derrière elle. Il n’y avait pas de rancoeur ni de colère derrière le film. Le projet était plutôt motivé par une volonté de raconter cette histoire dans un objectif de vérité et de réconciliation. »

L’ombre des corbeaux (Bones of Crows) prend l’affiche le 2 juin.

CINÉMA

fr-ca

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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