Le Journal de Montréal

Se préparer au grand départ de notre animal

ANNIE ROSS Vétérinaire Collaboration spéciale

Prendre la décision de faire euthanasier son animal malade, souffrant ou qui est en fin de vie n’est jamais facile. C’est une décision déchirante et douloureuse pour le ou les maîtres de l’animal, qui l’ont aimé et chéri. Comment savoir si le moment est venu ?

À la suite de ma chronique sur le deuil animalier la semaine dernière, plusieurs personnes m’ont remerciée. Cela leur a permis de parler du deuil qu’ils vivaient à la suite du décès de leur animal.

Une histoire m’a émue en particulier. Un chien de 3 ans, victime d’un cancer incurable dont la propriétaire est inconsolable face à ce qui va éventuellement se produire : l’euthanasie, le décès et la perte de son chien adoré.

Alors oui, il faut aussi parler de cette décision ultime.

Comment savoir quand le moment est venu ? Voici quelques stratégies tirées du programme Honoring the Bond de la faculté de médecine vétérinaire de l’Ohio et traduites par la compagnie québécoise Euthabag. Elles pourront vous aider un jour.

Dans le coeur du maître, il n’y aura jamais de bons moments pour prendre cette décision ultime, mais y réfléchir à l’avance permet parfois d’avoir moins de regrets après coup.

Voir venir la chose plutôt que de faire du déni peut aussi aider à ne pas attendre trop longtemps, à ne pas étirer l’élastique au détriment de la qualité de vie de l’animal.

EN PARLER D’AVANCE

La discussion ouverte et un suivi avec votre médecin vétérinaire sont essentiels dès le début. Il faut idéalement en parler d’avance. Votre médecin vétérinaire vous aidera à y voir plus clair. Il ne prendra pas la décision pour vous, bien sûr, mais vous épaulera. Il peut offrir des soins de confort quand les traitements ne sont plus une option. Et, il a un oeil avisé et professionnel au sujet de la qualité de vie de votre animal.

Quand cela s’applique, il faut aussi discuter ouvertement de tout ceci en famille. Le plus tôt sera le mieux, à mon avis. Pas pour prendre la décision tout de suite, mais plutôt pour voir venir, pour faire des choix, pour établir les façons de faire, des limites, des objectifs. Il faut convenir du point de bascule vers la décision ultime, pour que tout le monde soit au même diapason et pour ne pas trop regretter.

En vivant tous les jours avec notre animal, il est plus difficile d’observer les changements progressifs dans ses comportements et la détérioration de son état physique, mental, émotionnel et social. On fait du déni, bien sûr, mais on ne voit pas aussi bien les changements graduels qu’une personne de l’extérieur qui verrait l’animal moins souvent que nous.

Regarder des photos ou des vidéos de l’animal avant sa maladie pourra aider en ce sens, pour prendre le pouls de l’état actuel de l’animal.

PERTE D’INTÉRÊT

On peut aussi établir un calendrier des bonnes et des mauvaises journées de notre animal à l’aide d’un code ou d’une émoticône. Quand on cumule plus de mauvais jours que de bons, c’est peut-être le moment.

Un autre truc : dresser une liste de quatre ou cinq choses que votre animal adore faire dans la vie. Par exemple, faire un tour en voiture, manger des biscuits, aller se baigner dans un lac, se faire flatter, etc. Quand vous verrez que celui-ci ne s’intéresse plus à ces activités, il est temps de discuter d’euthanasie.

Il existe un outil (échelle de qualité de vie) pour nous aider à évaluer la qualité de vie de notre compagnon. Il s’agit d’un questionnaire, sous forme d’échelle graduée, où l’on cote plusieurs critères de la qualité de vie de l’animal. Cela peut vraiment nous aider à prendre conscience des répercussions qu’ont les problèmes de santé de l’animal sur son bien-être et sa qualité vie. On devrait le compléter dès que possible, quand notre animal est en forme, et le refaire régulièrement au cours du processus de fin de vie.

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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