Le Journal de Montréal

UN CONTE INUK QUI PARLE D’ESTIME DE SOI

MARIE-FRANCE BORNAIS

Artiste aux multiples talents, la chanteuse et couturière inuk Beatrice Deer a revisité un conte traditionnel inuk dans un nouvel album jeunesse traduit en français par Sylvie Nicolas : La femmerenard. La culture inuk, les paysages, les émotions et les relations humaines sont au coeur de cette histoire très forte qui parle de respect de l’autre et d’estime de soi.

Beatrice Deer signe dans cet album une adaptation de sa magnifique chanson Fox, elle-même inspirée d’un conte traditionnel inuk. L’histoire commence par une nuit sans nuage où une renarde tombe sur Terre. Elle croise une famille d’humains. Au fil des saisons, elle suit cette famille et se déplace avec eux, de campement en campement.

Tandis que sa fascination pour les humains grandit toujours, son petit coeur bat de plus en plus fort pour Irniq, le plus vieux des fils. En âge de chasser pour subvenir à ses besoins, Irniq part.

Un jour, de retour d’une expédition, il trouve dans sa tente une femme qui prétend être sa compagne. Il l’accueille, mais se demande quand même d’où elle sort. La lune de miel ne dure pas bien longtemps : Irniq n’accepte pas certains traits caractéristiques de la femme-renarde. Plutôt que d’endurer les remarques blessantes d’Irniq, elle le quitte.

ÊTRE SOI-MÊME

L’album, les illustrations, le texte : tout est magnifique dans La femme-renard.

« C’est vraiment une légende qu’on connaît et que j’ai personnalisée un peu », explique Beatrice Deer en entrevue. Elle se sent très connectée à la renarde. « Dans notre vie, parfois on se sent un peu vulnérables et on n’a pas toujours confiance en nous pour être nous-mêmes. Ça peut jouer sur nos relations. »

L’histoire de la femme-renarde parle d’acceptation inconditionnelle ou de rejet et Beatrice Deer a mis sa touche personnelle pour modifier une légende qui, dans sa version originale, finit vraiment mal.

« C’est important d’être vrai face à soi-même, en vérité par rapport à ses valeurs et de ne jamais perdre de temps avec une personne qui ne t’accepte pas tel que tu es, appuie-t-elle. Si elle avait été avec quelqu’un de plus aimable, quelqu’un en qui elle aurait eu confiance, elle aurait fait preuve d’ouverture. Mais ce n’était pas le cas. Donc elle est partie. »

Beatrice Deer est très heureuse de cette première expérience littéraire.

« Ça m’a plu. J’étais également la consultante pour l’illustratrice. C’était intéressant : je lui ai envoyé des images de certaines choses que je voulais voir dans les illustrations. Il y avait un aller-retour entre nous parce que je voulais être certaine que le livre allait bien présenter ma terre, ma région, les vêtements et tous les petits détails. »

« C’était intéressant de voir le projet prendre forme. Le livre a été traduit en allemand et il y a même un projet de réalité virtuelle destiné aux enfants qui en découle. »

■ Beatrice Deer est une artiste inuk et kanien’kehá

■ Elle est originaire de Quaqtaq, un petit village situé dans la région du Nunavik et vit à Montréal depuis 2007

■ Elle chante et pratique la couture en plus d’écrire

■ On peut voir la vidéo de sa chanson Fox, illustrée par D.J. Herron, sur YouTube : youtube.com/ watch?v=N3ziEC9bsaE

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2023-05-27T07:00:00.0000000Z

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