Le Journal de Montréal

Il faut s’occuper des enfants à besoins particuliers

J’ai été éducatrice pendant plus de 15 ans. Je suis retournée sur les bancs d’école à l’université afin de devenir agente-conseil en soutien pédagogique.

Jasmine Carignan

Pourquoi ? Parce que nous avons de plus en plus d’enfants à besoins particuliers et qu’ils doivent avoir leur place dans les services de garde éducatifs à la petite enfance. Non seulement parce qu’ils doivent avoir droit aux mêmes services que les enfants neurotypiques, mais aussi parce que tous ces autres enfants en retirent d’énormes bénéfices.

Ils apprennent la différence, l’autonomie, la bienveillance, l’empathie et j’en passe. Mais pour cela, les éducatrices doivent avoir un soutien au quotidien. Elles doivent avoir quelqu’un en poste pour mettre en place des stratégies, pour appliquer les plans d’intervention de tous les professionnels qui suivent ces enfants, et j’en passe.

DES CONDITIONS DÉCENTES

La ministre Lebel a offert un certain rattrapage salarial aux éducatrices, mais mon titre d’emploi n’est pas touché par cette augmentation. Je n’en peux plus de n’entendre qu’un seul point de vue partout, celui du gouvernement. Je n’en peux plus d’entendre toute la désinformation qui est diffusée. Pourquoi je n’entends jamais le point de vue d’éducatrices qui ont la passion de leur travail, qui se battent en ce moment afin d’avoir des conditions décentes et d’être en mesure de faire plus pour les enfants ?

Nous sommes celles qui travaillent dans le milieu, nous sommes celles qui se dévouent jour après jour et nous sommes aussi celles qu’on oublie et qu’on met dans un coin depuis trop longtemps.

Aujourd’hui, ça suffit ! Nous oeuvrons dans des services de garde éducatifs à l’enfance, et j’insiste sur le mot éducatif. Nous avons un programme éducatif très élaboré, des portraits d’enfants à réaliser deux fois par année. Quand va-t-on comprendre qu’on ne devrait pas dépendre du ministère de la Famille, mais de celui de l’Éducation ? On nous dit que si on ne fait pas 40 heures en présence d’enfants, on ne travaille pas à temps plein. Je serais curieuse de savoir combien d’heures une enseignante au préscolaire fait en présence d’enfants dans une semaine ? Et non, mon but n’est pas de me comparer aux enseignantes, mais si on veut parler de chiffres, on doit par contre exposer la réalité.

LE CPE, C’EST NOTRE VILLAGE !

Dans le cadre d’un DEC en petite enfance, les éducatrices sont davantage formées pour le préscolaire 4 ans que les enseignantes dans le cadre de leur BAC. Donc une enseignante au préscolaire a une heure de dîner sans les enfants, des périodes d’éducation physique où un autre enseignant prend le relais. De plus, certaines commissions scolaires choisissent de les faire commencer plus tard, d’autres ont le mercredi après-midi sans enfants. Pourtant, personne ne leur dit qu’elles n’en font pas assez. Quand le ministère de l’Éducation a donné aux enseignants une augmentation plus que méritée, il n’y avait pas de prime pour ceux et celles qui en feraient plus, il n’y avait pas de condition.

Une collègue m’a dit : « On affirme que ça prend un village pour élever un enfant, eh bien le CPE, c’est notre village ! » Il est composé d’éducatrices, d’agentes-conseils en soutien pédagogique et de responsables en alimentation.

OPINIONS

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2021-11-29T08:00:00.0000000Z

2021-11-29T08:00:00.0000000Z

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