Le Journal de Montréal

Le triste sort des migrants

MAKA KOTTO Ex-ministre de la Culture et des Communications maka.kotto@quebecormedia.com

Tant que l’avidité et la cupidité dévoreront l’humanité, c’est par centaine de milliers que les migrants iront à la dérive ou à la mort…

C’est par centaines qu’ils se noient chaque année en tentant de fuir l’Afrique pour gagner l’Europe. Des enfants, des femmes parfois enceintes et des hommes…

Il y a quelques jours, ils étaient près de 30 à trouver la mort après le naufrage de leur bateau de fortune. Ils tentaient de gagner la Grande-Bretagne en traversant la Manche. Des enfants,

des femmes parfois enceintes et des hommes…

UN MONDE CRUEL

Je ne regarde pas ces drames avec une mémoire de poisson rouge…

Et chaque fois qu’il y en a un qui est rapporté aux nouvelles le matin, le midi ou le soir, il me vient systématiquement à l’esprit la chanson lucide de Raymond Lévesque…

« Quand les hommes vivront d’amour, Il n’y aura plus de misère Et commenceront les beaux jours Mais nous, nous serons morts, mon frère

Quand les hommes vivront d’amour, Ce sera la paix sur la terre

Les soldats seront troubadours, Mais nous, nous serons morts, mon frère

Dans la grande chaîne de la vie, Où il fallait que nous passions, Où il fallait que nous soyons, Nous aurons eu la mauvaise partie

[…] Mais quand les hommes vivront d’amour,

Qu’il n’y aura plus de misère Peut-être songeront-ils un jour

À nous qui serons morts, mon frère

Nous qui aurons aux mauvais jours,

Dans la haine et puis dans la guerre

Cherché la paix, cherché l’amour, Qu’ils connaîtront alors mon frère Dans la grande chaîne de la vie, Pour qu’il y ait un meilleur temps Il faut toujours quelques perdants, De la sagesse ici-bas c’est le prix… »

PARTIR…

On ne quitte pas toujours sa terre natale de gaieté de coeur… Les données disent que les migrants internationaux représentent aujourd’hui autour de 3 % de la population mondiale, soit près de 214 millions d’êtres humains. Il y a 20 ans, ils étaient 150 millions.

Ils fuient des environnements toxiques les empêchant de s’épanouir.

« Il faut attaquer le problème à la source ! Il faut mettre dehors leurs despotes incapables de bonne gouvernance et la situation s’améliorera », me disait un ancien collègue de l’Assemblée nationale. Ce n’est ni chose facile ni faute d’avoir essayé via des voies démocratiques. C’est en somme une impasse.

Dans plusieurs pays d’Afrique par exemple, c’est l’impasse parce que les despotes sont eux-mêmes les otages

de leur propre cupidité et de celle des oligarques internationaux qui investissent dans ces pays, bien souvent sous la complicité de leurs gouvernements respectifs.

Les despotes sont un gage de stabilité pour la bonne marche des affaires… Dès lors, le maintien du statu quo s’avère être l’option idéale pour la vaste majorité des multinationales.

Conséquemment, les perspectives d’épanouissement des populations locales sont plutôt faibles. Face au désespoir, ils sont légion à prendre le risque d’aller voir si l’herbe est plus verte ailleurs... Là où ils ne sont pas toujours les bienvenus.

À méditer en écoutant Raymond Lévesque.

OPINIONS

fr-ca

2021-11-29T08:00:00.0000000Z

2021-11-29T08:00:00.0000000Z

https://jdm.pressreader.com/article/282106344915412

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