Le Journal de Montréal

Maître du temps

Le rappeur OrelSan dévoile un nouvel opus

PARIS | (AFP) À l’aube de ses 40 ans, OrelSan rembobine son passé, colle à l’époque et envisage demain avec un album traversé par la question de la « transmission ».

En dépit de l’immense succès de son précédent disque, La fête est finie, le rappeur est resté « simple, basique » pour citer son succès

Basique dévoilé il y a quatre ans. Il déboule seul, en trottinette électrique, dans la rue du rendez-vous parisien... tout heureux de l’anonymat conféré par le port du masque en temps de crise sanitaire.

Mais derrière la décontraction, l’orfèvre est toujours là. Parmi sa nouvelle collection de joyaux, on trouve Manifeste et L’odeur de l’essence dans une veine de chroniques sociales et politiques.

Manifeste est un morceau de bravoure de sept minutes sur une manifestation qui tourne mal, à la belle écriture cinématographique. Il en parle d’abord comme d’une « pure fiction ». Mais ce sont bien des fragments de réalité qu’il sculpte.

À Paris, il habite non loin de la place de la République, point de ralliement des « manifs, ces rares endroits où énormément de personnes différentes se regroupent pour des raisons diverses, maintenir l’ordre, revendiquer, badauds... ».

Le personnage de l’aide-soignante du titre est né de ses fréquentes visites à sa « grand-mère en EHPAD », comme il le dévoile.

Et puis il y a le premier simple déjà sorti, L’odeur de l’essence, attaque imparable au cocktail polémique/extrémisme/outrance servi dans certains débats autour de la campagne présidentielle.

« Je ne suis pas trop l’actualité mais en parlant avec les gens qui m’entourent je vois que ça devient des thématiques de la campagne », avance-t-il modestement.

Puis, il développe sa pensée... « En appelant l’album Civilisation, je pensais surtout au départ à la science-fiction, à Fondation (livre culte) d’Isaac Asimov, le drapeau sur la pochette, c’était l’idée de reconstruction post-apocalyptique ».

L’apocalypse est là, déjà, entre le suicide d’un professeur de musique qui surgit dans La quête , tout comme le désastre écologique et l’exploitation humaine en pointillés dans Baise le monde.

« OMBRE ET LUMIÈRE »

Mais l’album n’a pas qu’un côté sombre. Humour et auto-dérision sont toujours là, comme sur le feu d’artifice Casseurs Flowters Infinity avec son complice Gringe. Et le disque s’achève sur une approche constructive de l’avenir.

Un opus entre « ombre et lumière », comme il le chante dans le premier et dernier titre, Shonen et Civilisation. Comme une boucle qui marque l’heure du bilan et des perspectives.

« J’ai 39 ans, je suis marié, c’est le dernier album de mon contrat (avec la maison de disques), il y a une première partie réflexion sur le passé, un côté négatif puis un côté plus positif », précise-t-il.

Et sa grande question est donc : « Qu’est-ce que tu vas transmettre à tes enfants ? Civilisation, c’est la société qui m’entoure et ce que je peux apporter ».

« Apprendre à désapprendre », scande-t-il en réponse dans Civilisation, où transpire aussi l’envie d’une descendance.

JM LUNDI

fr-ca

2021-11-29T08:00:00.0000000Z

2021-11-29T08:00:00.0000000Z

https://jdm.pressreader.com/article/282333978182100

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