Le Journal de Montréal

Ce n’était qu’une question de temps

C’était à prévoir. Geoff Molson et son groupe ont attendu quelques mois pour passer aux actes, mais il était évident que Marc Bergevin ne figurait plus dans les plans de l’organisation depuis l’an dernier.

YVON PEDNEAULT

Et Bergevin le savait. Il l’avait même mentionné à Stephane Waite : « Je ne peux faire autrement. Il faut que la situation s’améliore sinon je serai le prochain. »

Cependant, le propriétaire a dû retarder son plan de relance de l’entreprise en raison des événements du printemps dernier. Geoff Molson se préparait à passer la vadrouille après l’élimination de son équipe face aux Maple Leafs de Toronto, sauf que la victoire surprise du Canadien a retardé l’échéance.

Bergevin ne s’entendait plus avec Geoff Molson et le propriétaire n’avait aucunement l’intention de poursuivre son association avec son directeur général.

Les derniers mois ont créé une atmosphère intenable pour les deux décideurs de sorte qu’il fallait éventuellement prendre des décisions pour trancher le débat.

Après neuf ans, Marc Bergevin part. Avec lui, Trevor Timmins qu’on a traîné au banc des accusés plusieurs fois depuis son arrivée à Montréal, il y a 19 ans, n’a pu échapper au couperet. Et Geoff Molson a décidé qu’il n’y avait plus de place pour Paul Wilson, le directeur des relations publiques, qui était près de Bergevin.

Molson, critiqué pour son mutisme et aussi pour son manque de clairvoyance, complétera son grand ménage dans les prochaines heures et les prochains jours.

À pourvoir, le poste de Bergevin. Celui qui sera identifié pour prendre les guides, Jeff Gorton, aura à dénicher un directeur général parce que ses responsabilités seront encore plus importantes que celles qui incombaient à Bergevin.

Le bilan de Bergevin est marqué par des moments exaltants, l’an dernier par exemple, et aussi une finale d’association. Par contre, il y a eu de nombreuses déceptions. Il a raté les séries éliminatoires en trois occasions, il a été également sauvé par deux saisons écourtées en raison de la pandémie alors que le Canadien à l’intérieur d’un calendrier normal de 82 matchs aurait manqué le rendez-vous printanier.

Cependant, on ne pourrait pas critiquer son dévouement, sa loyauté, son sens du devoir. Il était respecté par les joueurs, et, au fil des ans, il est devenu un membre influent dans le groupe des directeurs généraux de la ligue.

UN AMÉRICAIN

L’ère Bergevin prend fin dans des circonstances qu’on aurait souhaitées plus respectueuses à son endroit, et maintenant on entreprend l’ère Jeff Gorton, un Américain de 53 ans, natif de Melrose,

Massachusetts. Il sera le chef des opérations du secteur hockey, il agira comme conseiller auprès du président sur le modèle d’affaires à suivre et prendra les décisions qui s’imposent pour réorganiser la gestion de l’entreprise.

C’est un fait connu que Gorton ne parle pas français et Geoff Molson ayant déclaré en quelques occasions que le directeur général de sa formation devra être bilingue, il n’y avait pas matière à discussion sur le sujet, il devra être bilingue pour respecter le marché dans lequel évolue le Canadien.

Donc, on devra dénicher un directeur général, mais quelles seront vraiment ses responsabilités ? N’insiste-t-on pas pour dire que Gorton est celui qui aura tous les pouvoirs ?

Au moins, il pourra expliquer en français les décisions prises par Gorton.

L’ex-directeur général des Rangers de New York possède une feuille de route impressionnante ? Pourquoi avec un bilan comme celui qui apparaît en caractères gras dans son curriculum vitae, au moment où son équipe est en pleine ascension, a-t-il perdu son emploi ? Il n’a pas approuvé une décision du propriétaire James Dolan, et il s’en est suivi que Gorton et John Davidson n’ont pu échapper aux sautes d’humeur du propriétaire.

UN BEL HÉRITAGE

Mais, il a laissé un bel héritage à New York. Il a laissé une organisation en bonne santé grâce à un changement au niveau de la philosophie de gestion. On a fait un virage complet pour mettre en place une nouvelle structure.

On venait de décider que les Rangers n’allaient plus combler leurs effectifs avec des vétérans rendus à la croisée des chemins. Ils allaient investir sur les jeunes patineurs avec un programme de développement approprié et en mettant beaucoup d’insistance sur le recrutement des patineurs.

Ils n’allaient pas pour autant ignorer le marché des joueurs autonomes et l’arrivée d’Artemi Panarin a largement modifié la donne.

Maintenant, s’il accepte l’offre de Geoff Molson, pourra-t-il trouver une formule pour sortir l’équipe du bourbier dans lequel elle est empêtrée depuis le début de la saison ?

Osera-t-il échanger des vétérans possédant des salaires très élevés dont les ressources s’amenuisent chaque saison ?

Osera-t-il offrir à Carey Price le choix de poursuivre son aventure à Montréal en sachant très bien que l’organisation va effectuer un virage important ou lui offrira-t-il l’opportunité de se joindre à une équipe ayant de grandes aspirations ? C’est la proposition qu’il avait faite à Henrik Lundqvist.

Pourra-t-il sortir un chapeau de son lapin et dénicher un défenseur comme Adam Fox, gagnant du trophée Norris, pour un choix conditionnel de 2e tour et un choix conditionnel de 3e tour ? Certes, on peut remettre en question sa décision d’échanger Ryan McDonagh et J.T. Miller au Lightning, mais il s’agissait de la première décision dans le cadre du programme créé pour sabrer dans la masse salariale.

On ne doute pas de la compétence de Gorton, mais quel mandat lui confierat-on ? Ou qu’a-t-il proposé à Geoff Molson pour attirer l’attention des actionnaires de la formation ? Faire le grand ménage ou colmater les brèches ?

Pour le moment, il s’agit d’une organisation en déroute.

Une organisation qui a vu ses décideurs laisser l’équipe plonger dans la médiocrité. Du jamais vu dans l’histoire de la concession.

LA UNE

fr-ca

2021-11-29T08:00:00.0000000Z

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