Le Journal de Montréal

Un jardin botanique de 1860 caché sous l’avenue des Pins

Des fouilles archéologiques ont eu lieu pendant les travaux sur l’artère

NORA T. LAMONTAGNE Le Journal de Montréal

Des vestiges du premier jardin botanique de Montréal, qui a déjà accueilli un béluga et des éléphants, auraient été découverts lors de la réfection de l’avenue des Pins, à Montréal.

À travers les conduits d’aqueduc à remplacer et le réseau de transport de gaz de la Ville, des archéologues pensent avoir déterré une partie de l’imposante fontaine des Jardins Guilbault.

Tout ce qu’il en reste aujourd’hui serait une modeste parcelle de muret courbe d’environ 2 mètres de long, retrouvée près de la rue Clark.

« C’est la seule structure qui a occupé l’espace et qui correspondrait à ça », commente l’archéologue Jean-Philippe Hénault de la firme Ethnoscop, en s’appuyant sur des régimes d’assurance de l’époque.

Il poursuivra ses analyses cet automne pour confirmer cette hypothèse.

Ladite fontaine était au coeur des sentiers où se promenaient jadis les Montréalais pour admirer les collections végétales du botaniste Joseph Édouard Guilbault dans les années 1860.

UN ZOO SOUS NOS PIEDS

Ce dernier possédait aussi une ménagerie – une sorte de zoo — qui faisait courir les foules, selon l’encyclopédie du Centre des mémoires montréalaises.

Plus de 150 espèces d’animaux pouvaient y être admirées, dont des hippopotames, des éléphants, et un béluga de 5000 livres exhibé dans un aquarium fait sur mesure.

« Aujourd’hui, son jardin est peu connu, mais à l’époque, il était considéré comme très impressionnant. Certains l’appellent le premier jardin botanique de Montréal », glisse M. Hénault, responsable des fouilles sur cette section de l’avenue des Pins.

Malgré son succès, l’entreprise a fait faillite en 1869. La fontaine fut détruite, et le terrain, subdivisé pour la vente.

Dans le cadre du chantier de réaménagement de 22,3 M$ de l’avenue des Pins, plusieurs latrines d’arrière-cour ont aussi été découvertes sur le tronçon entre la rue Saint-Laurent et la rue Saint-Denis.

« Ce n’est pas particulièrement rare ! Ce qu’on trouve, c’est ce qui est lié au quotidien des gens », rappelle avec un rire l’archéologue Jonathan Choronzey.

Trois de ces structures étaient constituées de tonneaux de bois recyclé, enterrés dans l’arrière-cour des résidents du secteur.

ÉTUDIER LES TOILETTES DE L’ÉPOQUE

Loin d’être inutiles, ces « bécosses » du passé peuvent nous renseigner sur l’alimentation de nos aïeux, souligne-t-il.

Une analyse en laboratoire d’échantillons prélevés dans les fosses des latrines a démontré que leurs utilisateurs avaient une alimentation équilibrée et locale, comme en témoigne la présence de plusieurs graines de petits fruits.

D’autres petits artéfacts comme des pots d’encre et des fragments de vaisselle provenant des immeubles résidentiels expropriés pour permettre la construction de l’avenue des Pins à la fin du 19e siècle ont également été mis au jour.

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2022-09-27T07:00:00.0000000Z

2022-09-27T07:00:00.0000000Z

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