Le Journal de Montréal

Armé (d’un camion) et dangereux

Le conducteur de poids lourds aurait été physiquement et mentalement inapte à conduire un tel véhicule

VALÉRIE GONTHIER

Le camionneur qui a causé le carambolage monstre ayant fait quatre morts à l’été 2019, à Laval, se moquait des règles au point où il était une véritable bombe à retardement sur la route, croit la Couronne.

« Derrière le volant d’un camion, il était aussi dangereux qu’une personne qui se promène avec une arme à feu », a plaidé le procureur de la Couronne Simon Blais, lors de débats sur des requêtes.

Jagmeet Grewal, 56 ans, doit bientôt subir son procès pour négligence criminelle causant la mort et des lésions.

Le 5 août 2019 en après-midi, le camionneur circulait sur l’autoroute 440 Ouest et a percuté des véhicules qui étaient immobilisés à la hauteur de la bretelle de l’autoroute 15.

Gilles Marsolais, 54 ans, Michèle Bernier, 48 ans, Sylvain Pouliot, 55 ans, et Robert

Tanguay Laplante, 26 ans, ont péri.

9 SECONDES

Au moment du drame, il roulait à entre 96 et 100 km/h. Et selon un reconstitutionniste, pendant neuf secondes, le camionneur n’a eu aucune réaction alors qu’une file de voitures s’allongeait devant lui.

Pour la Couronne, il est clair que l’accusé a fait preuve de « négligence délibérée » en conduisant un poids lourd, en sachant que son état ne le lui permettait pas.

À cette époque, l’homme négligeait de contrôler son diabète et prenait plusieurs médicaments affectant la conduite. Un expert pharmacologiste a d’ailleurs conclu que sa capacité de conduire un poids lourd était fort probablement « grandement affectée et diminuée », et a qualifié son niveau de risque à « très dangereux ».

Plus encore, l’accusé se savait invalide à conduire des camions, a rappelé Me Blais. En 2014, la SAAQ l’avait jugé « inapte de façon permanente » à occuper le métier de camionneur en raison de problèmes psychiatriques.

MENSONGES

Mais une erreur fatale de la SAAQ lui a permis en 2018 de récupérer son permis de conduire classe 1, nécessaire pour conduire des camions, révélait Le Journal la semaine dernière. Une fonctionnaire n’a pas cru bon de vérifier si M. Grewal avait un dossier d’indemnisation, a-t-on appris dans un document déposé en cour.

Il a d’abord échoué à son examen théorique, puis a obtenu la note de passage au deuxième essai.

« Il savait que la SAAQ lui avait remis un permis par erreur, il savait qu’il ne pouvait pas conduire, il savait qu’il était un danger », a insisté Simon Blais.

D’ailleurs, tant à son employeur au moment de son embauche qu’à l’assureur après le tragique événement, Jagmeet Grewal a omis de parler de son diabète, ses problèmes de sommeil, ses douleurs physiques, ses troubles mentaux, ainsi que des médicaments qu’il prenait quotidiennement.

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2022-09-27T07:00:00.0000000Z

2022-09-27T07:00:00.0000000Z

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