Le Journal de Montréal

La montréalisation de nos campagnes

ANTOINE ROBITAILLE antoine.robitaille@quebecormedia.com

Les chefs de partis ont toujours passé beaucoup de temps à Montréal pendant les campagnes électorales.

Normal, la métropole, c’est la moitié du Québec.

Mais depuis quelques élections, plusieurs activités « obligatoires » se sont ajoutées. Autant de rendez-vous devenus incontournables.

C’est mon estimé collègue Martin Beaulieu, caméraman d’expérience, qui m’a fait la pertinente remarque récemment.

Cela contraint les chefs à rester à Montréal pendant plusieurs jours ; alors que la durée des campagnes est en général plus courte que jadis.

DÉBATS

Quels rendez-vous fixes ? D’abord, il y a maintenant deux débats formels : le Face-àFace de TVA et le Débat des chefs de Radio-Canada.

Jadis, les diffuseurs formaient un consortium et s’entendaient sur une formule précise.

En 2007 et en 2008, l’exercice s’était tenu dans la capitale, à l’Assemblée nationale, ce qui était une très bonne idée. (D’ailleurs, il serait souhaitable qu’un des débats de 2026 s’y tienne ; c’est quand même le siège de l’Assemblée nationale. Oh, et un autre pourrait avoir lieu en région, non ?)

Depuis 2012, TVA a décidé d’exploiter sa propre formule de type Face-àFace. Et Radio-Canada a de son côté ajouté un autre rendez-vous : Cinq chefs, une élection.

S’est ajouté Tout le monde en parle, qui fait office de court débat moins encarcané... mais qui force tout de même les chefs à rester à Montréal.

PRÉCIEUX

Qu’on se comprenne bien : je ne remets pas en question ces moments de télé précieux.

On doit s’interroger toutefois : une campagne électorale doit-elle se faire surtout à la télé et dans la même ville ? On me rétorquera que ce sont des manières efficaces de rejoindre les citoyens, de les intéresser au scrutin à venir.

D’accord, mais il y a aussi le contact direct, les rassemblements, etc. Aller à la rencontre des gens partout, une fois aux quatre ans, ce n’est pas un luxe, me semble-t-il.

AUTRES « FIXES »

Hors télé, de nouveaux rendez-vous montréalais s’ajoutent.

L’organisme Force Jeunesse, centré sur l’équité entre les générations, a réussi cette année à attirer quatre chefs sur cinq aux HEC. Àcetypede rendez-vous, les chefs absents seront toujours soupçonnés de négliger telle cause, tel secteur d’activité. Lequel s’ajoutera lors des prochains scrutins ?

D’autres traditions gardent ou ramènent invariablement les chefs à Montréal.

Ils défilent tous, à tour de rôle, devant l’Union des producteurs agricoles à Longueuil, par exemple. Font quelques génuflexions convenues, dont la profession de foi à la gestion de l’offre.

Même type de défilé devant l’Union des municipalités du Québec, club des grandes villes. Et ensuite devant la Fédération québécoise des municipalités, regroupement de MRC et des villes plus petites. Deux congrès qui ont lieu à... Montréal.

Devant maires et préfets, les chefs y promettent invariablement de mettre fin « au mur-à-mur pour passer au sur-mesure » ; de valoriser les « gouvernements de proximité » en décentralisant radicalement le Québec.

Et les campagnes, elles, ne pourraient-elles pas être démontréalisées juste un peu ?

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