Le Journal de Montréal

Le caïd Raynald Desjardins est de nouveau en liberté

L’influent dirigeant mafieux de 68 ans dit s’être retiré du crime organisé

ERIC THIBAULT Bureau d’enquête – Avec Félix Séguin

Raynald Desjardins, l’un des plus influents acteurs de la mafia montréalaise des trois dernières décennies, obtient une autre chance de reprendre sa liberté.

La Commission des libérations conditionnelles du Canada (CLCC) a consenti, vendredi dernier, à la plus récente demande du Lavallois de 68 ans qui est toujours considéré par les autorités policières comme un leader du crime organisé, a appris notre Bureau d’enquête.

Le 15 avril 2021, Desjardins avait obtenu sa libération d’office après avoir purgé les deux tiers de sa peine pour avoir « planifié le meurtre d’un rival dans un contexte de guerre de pouvoir », selon la CLCC, soit l’aspirant parrain Salvatore Montagna, qui a été tué par balles en novembre 2011 à Charlemagne.

Mais un mois plus tard, on l’a ramené derrière les barreaux quand les policiers ont constaté que Desjardins enfreignait ses conditions de libération puisqu’un garde du corps criminalisé et relié aux Hells Angels l’accompagnait dans tous ses déplacements.

L’ex-homme de confiance du défunt parrain Vito Rizzuto aura donc purgé 16 mois d’incarcération supplémentaires, qui se sont déroulés sans « aucun problème » d’après la CLCC.

À LA RETRAITE

Desjardins, dont le beau-frère Joe Di Maulo était à la tête de la faction calabraise de la mafia italienne avant d’être tué par balles à l’automne 2012, a réitéré aux autorités qu’il est présentement « à la retraite ou en semi-retraite », autant dans le monde interlope que sur le plan du travail.

Plusieurs autres proches de Desjardins ont aussi été assassinés durant des années de luttes internes entre clans mafieux sicilien et calabrais, incluant son frère aîné Jacques, dont la disparition, en 2017, fait l’objet d’une enquête pour homicide par la Sûreté du Québec.

En 2021, les forces policières appréhendaient le retour de Raynald Desjardins dans la région de Montréal.

D’après nos sources, la police craignait que ce dernier tente de « faire un maître » une fois pour toutes avec le clan Rizzuto, auquel il a tourné le dos depuis sa condamnation à 15 ans de pénitencier, en 1994, pour avoir orchestré une importation de 750 kg de cocaïne avec la mafia et les Hells Angels.

Toutefois, ces craintes se seraient depuis atténuées.

Selon nos informations, Desjardins bénéficie toujours de solides appuis chez les Hells. En même temps, les motards entretiennent des relations d’affaires lucratives avec le clan Rizzuto et ils semblent vouloir éviter une reprise des hostilités au sein de la mafia.

La CLCC impose néanmoins de nombreuses « conditions spéciales » que celui qui dirigeait une entreprise de construction au moment de sa dernière arrestation devra respecter dès son retour en communauté.

On lui interdit notamment d’être en présence de personnes criminalisées, de se trouver dans des établissements liés au crime organisé et de posséder plus d’un téléphone cellulaire. Il devra aussi fournir un bilan périodique de ses finances personnelles aux autorités.

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2022-09-27T07:00:00.0000000Z

2022-09-27T07:00:00.0000000Z

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