Le Journal de Montréal

Vivement la fin de la campagne

DENISE BOMBARDIER denise.bombardier@quebecormedia.com

Hier, je me suis précipitée au bureau de scrutin, impatiente de voter par anticipation. Car j’avoue que cette campagne, plus courte pourtant que tant d’autres dans le passé, m’apparaît comme interminable.

Cela s’explique sans doute à cause de l’état dans lequel nous a tous plongés la pandémie. Durant deux longues années de confinement, vécues dans un climat où la peur de contracter la COVID a altéré significativement nos relations humaines, l’Autre est devenu une menace dont il a fallu se méfier. Cela nous a plus ou moins traumatisés. Fini les baisers, fini les poignées de main, les câlins que nous faisions à nos enfants et petits-enfants, eux-mêmes devenus méfiants. « Je peux pas te toucher, grand-maman », me disait ma Rose à quatre ans.

Et voilà que l’élection à date fixe s’est imposée. À un moment où la colère, la rage, les perturbations mentales, les dérives de tout genre occupent l’actualité jour après jour. Inévitablement, une campagne électorale est une période d’affrontements, de divisions et d’accusations émises par les chefs de parti. Mais cette fois-ci, il faut reconnaître que ce qui se passe depuis trois semaines rompt avec ce à quoi on est en droit de s’attendre au Québec.

La domination de la CAQ est si forte dans les sondages que l’on comprend pourquoi les quatre autres partis, dont deux, QS et le PCQ, sont des partis radicaux, cherchent désespérément à obtenir de nouveaux appuis afin de jouer un rôle conséquent à l’Assemblée nationale.

DÉSOLANT

Le premier débat télévisé a été révélateur du degré d’agressivité, de hargne, d’absence de respect, d’excès verbaux qui existe dans les joutes politiques d’aujourd’hui. C’était une soirée désolante pour le Québec et épuisante pour les citoyens avides d’évaluer les candidats et leur programme. Nous sommes tous sortis perdants de ce débat.

Les chefs politiques étaient euxmêmes ébranlés et sans doute fort mal à l’aise de s’être livrés à un tel spectacle. Le débat à Radio-Canada s’est déroulé, Dieu merci, selon les règles de civilité et de courtoisie.

Mais le mal a été fait et les déclarations à l’emporte-pièce des uns et des autres s’accusant d’être minables, menteurs et fourbes ont contribué à dévaloriser l’institution politique ellemême.

DIVERTISSEMENT

Si l’on croyait que les débats télévisés étaient terminés, l’on se trompait. Les chefs de parti, avides de rejoindre des électeurs, ont tous consenti à se réunir pour la grand-messe de TLMEP et à se confier à Guy A. Lepage, le roi incontestable et éminemment talentueux de la télévision de divertissement.

Lepage a réussi le coup fumant de les interroger selon ses propres exigences en y ajoutant la présence du cowboy MC Gilles. Celui-ci a traité les cinq chefs du haut de sa superbe.

Certains confrères journalistes non politiques ont même noté que les politiciens étaient détendus, drôles et somme toute heureux de se soumettre aux questions toujours piégées de l’animateur et de son acolyte.

C’est donc dans un spectacle divertissant que les cinq chefs ont clos leur combat. Avec des sourires, celui de François Legault quasi permanent, des rires et des facéties dont seul Guy A. Lepage est sorti gagnant avec, en prime, le dernier mot.

Comme quoi, la politique mène vite au show-business. Consternant !

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2022-09-27T07:00:00.0000000Z

2022-09-27T07:00:00.0000000Z

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