Le Journal de Montréal

L’urgence de soutenir le combat héroïque des Iraniennes

JOSÉE LEGAULT Politologue, auteure, chroniqueuse politique josee.legault @quebecormedia.com @joseelegault

Le constat est indéniable. Le mépris, la haine et les violences envers les femmes gagnent du terrain. À divers degrés, la misogynie frappe partout. On la sent même entrer dans une dangereuse phase de « normalisation ».

Malgré des avancées majeures, ce qui, dans les faits, est attaqué est le droit fondamental des femmes à l’égalité. Ce droit, on le voit bien, n’est jamais vraiment acquis.

Aux États-Unis, des millions de femmes ont perdu leur libre accès à l’avortement. Les féminicides, y compris chez nous, se multiplient.

La violence conjugale sous toutes ses formes – physique, sexuelle, verbale, financière ou psychologique – sévit toujours.

Dans plusieurs pays, on pratique encore l’excision – une mutilation barbare des femmes. Dans leur patrie envahie par la Russie, des femmes et des filles ukrainiennes sont violées, battues ou tuées par des soldats russes.

En Afghanistan, avec le retrait catastrophique des États-Unis, les femmes et les filles sont livrées en pâture aux talibans.

Sur la planète, il règne aussi sur les médias dits sociaux une violence verbale extrême contre les femmes qui, publiquement, osent prendre la parole.

Même la pandémie a frappé les femmes plus durement. Très présentes dans les réseaux de santé et d’éducation, elles en ont porté une grande part du fardeau.

Laissées à elles-mêmes, de nombreuses proches aidantes en ont aussi payé le prix financièrement ou de leur propre santé.

NOS YEUX RIVÉS

Nos yeux sont maintenant rivés sur l’Iran. Depuis la mort violente de la jeune Mahsa Amini aux mains de la « police des moeurs » après son arrestation pour « tenue inconvenante », des femmes révoltées prennent la rue.

Dans cette république islamique qui les traite en sous-humaines, elles mènent un combat héroïque. Elles luttent pour leur liberté perdue depuis 1979 sous l’ayatollah Khomeiny, dont celle de porter ou non le voile.

En réalité, elles luttent contre ce contrôle obscurantiste des hommes sur leurs vies. Elles luttent pour leur liberté entière : sexuelle, professionnelle, vestimentaire, etc.

Pourchassées, tabassées, arrêtées ou tuées par les policiers, elles le font au péril de leur vie. Sous le puissant slogan « Femme, vie, liberté ! », elles brûlent leur voile, coupent leurs cheveux ou se rasent la tête.

AU PÉRIL DE LEUR VIE

De jeunes hommes courageux les rejoignent également dans la rue pour crier leur solidarité. Du jamais vu dans l’enfer des ayatollahs.

Mais que faire de loin ? Crier aussi notre solidarité. En Europe de l’Ouest et du Nord, au Canada, en Australie et aux États-Unis, des manifestations en soutien aux Iraniennes se multiplient.

À Paris, des manifestants ont même scandé à leur président : « France, ça suffit le silence ! ».

Car devant les tyrans iraniens, les chefs d’État doivent exprimer leur soutien à ces femmes au courage inimaginable.

S’il est vrai que personne n’ira sauver les Iraniennes des griffes de leurs bourreaux, devant leur détermination sans limites, tout silence devient complicité.

Ces femmes se battent pour leur droit à la liberté et à la dignité. Elles le font pour elles-mêmes et pour les générations à venir.

Elles le font aussi pour la suite du monde. Leur combat, qu’on ne s’y trompe pas, est universel.

OPINIONS

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2022-09-27T07:00:00.0000000Z

2022-09-27T07:00:00.0000000Z

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