Le Journal de Montréal

L’imprudence de Legault et son trio économique

En mars dernier, le ministre des Finances, Eric Girard, estimait à 25 % les risques de voir le Québec entrer en récession l’an prochain. Puis en juin, l’argentier du gouvernement Legault haussait ses prévisions de récession à 35 %.

MICHEL GIRARD c michel.girard@quebecormedia.com

Et maintenant, le premier ministre sortant, François Legault, évalue les risques de tomber en récession en 2023 à quelque 50 %.

Qui l’eût cru, que le chef caquiste allait brandir, tout bonnement à une semaine de la tenue du scrutin, le spectre d’une récession pour inciter les électeurs à miser sur « la stabilité » en reportant la Coalition Avenir Québec (CAQ) au pouvoir ?

Pas de doute que les risques de récession ne cessent d’augmenter.

Les facteurs qui « jouent » en faveur d’une récession sont :

■ la très forte hausse des taux d’intérêt qui a suivi l’augmentation de 3 points de pourcentage des taux directeurs de la Banque du Canada et de la Réserve fédérale américaine ;

■ les autres hausses de taux directeurs qui entreront en vigueur lors des prochains mois en vue de contrer la résistance de l’inflation ;

■ l’augmentation de prix des produits importés des États-Unis en raison de la dévaluation de notre dollar par rapport au dollar américain ;

■ la grave pénurie de maind’oeuvre qui empêche les entreprises de répondre à la demande ;

√ les probabilités de plus en plus élevées de voir les États-Unis entrer en récession, ainsi que l’Europe ;

√ l’impact négatif de la guerre en Ukraine sur les prix de l’énergie ;

√ les problèmes des chaînes d’approvisionnement.

Dixit François Legault : « Il y a un risque au niveau mondial et un risque qui a augmenté dans les derniers jours, et c’est une raison additionnelle pour voter pour la CAQ, parce qu’on a besoin plus que jamais d’un Eric Girard, d’une Sonia LeBel, d’un Pierre Fitzgibbon pour passer à travers. »

LE HIC ?

Mais pourquoi M. Legault a-t-il attendu à la fin de la campagne électorale pour nous faire part de ses craintes de récession alors qu’avec son trio économique Girard-LeBel-Fitzgibbon, il a présenté un cadre financier où il ne lésine pas sur les dépenses et les cadeaux aux électeurs ?

Quand on s’attend à entrer en récession, mieux vaut jouer de prudence !

Dans le Rapport préélectoral du ministère des Finances, le ministre Girard prévoyait enregistrer un surplus cumulatif (avant transfert d’argent au Fonds des générations) de 13,7 milliards de dollars pour les exercices financiers allant de 2022-23 à 2026-27.

Avec son cadre financier électoral, François Legault et son trio économique prévoient maintenant pour les mêmes années un déficit cumulatif de 12 milliards $ quand on tient compte des mêmes paramètres de provisions budgétaires pour risques imprévus.

Le gouvernement Legault [...] n’avait pas à se lancer dans une surenchère de cadeaux électoraux

QUESTION

Était-ce prudent de la part du gouvernement caquiste sortant de se lancer dans des dépenses supplémentaires de quelque 26 milliards pour courtiser les électeurs en vue de rester au pouvoir ? Non !

Compte tenu de la panoplie de sondages qui répètent semaine après semaine que le gouvernement Legault sera reporté au pouvoir avec une solide majorité, il n’avait pas à se lancer dans une surenchère de cadeaux électoraux.

ARGENT

fr-ca

2022-09-27T07:00:00.0000000Z

2022-09-27T07:00:00.0000000Z

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