Le Journal de Montréal

Elle préfère retirer sa fille de l’école

Face à la pénurie de profs et aux problèmes de comportement des élèves, cette mère a décidé de faire l’école à la maison à sa fille. « Elle n’apprenait rien depuis des semaines. »

DAPHNÉE DION-VIENS

Plusieurs suppléants qui se succèdent pendant des semaines, un bulletin incomplet et des comportements dérangeants en classe. L’instabilité causée par la pénurie d’enseignants et une classe difficile a poussé des parents à retirer leur fille d’une école primaire de Québec pour lui faire l’école à la maison.

Agathe, âgée de 9 ans, n’est pas retournée dans son école primaire de Beauport au début janvier.

« Ma fille n’apprenait rien depuis des semaines et je ne pense pas qu’elle était en sécurité dans cette classe. Le climat n’était vraiment pas bon », laisse tomber sa mère, Véronique Lavoie.

L’année scolaire avait pourtant bien commencé pour Agathe, même si elle reprenait sa troisième année en raison de sa dyspraxie.

À la mi-octobre, l’enseignante part toutefois en congé de maladie. Plusieurs parents qui ont compris que le groupe est difficile s’interrogent sur les raisons de ce départ.

Selon nos informations, un incident violent impliquant un élève en crise serait en cause.

CINQ ADULTES DIFFÉRENTS PAR JOUR

Les semaines passent et les suppléants se succèdent. Pendant plusieurs journées, les remplaçants changent à toutes les périodes si bien que cinq personnes différentes défilent devant les élèves.

Pendant ce temps, « les élèves n’apprennent rien », déplore Mme Lavoie.

Le bulletin qui devait être produit à la mi-novembre est remis en retard, au début décembre.

Le relevé de notes est par ailleurs incomplet : il n’y a que le français et les mathématiques qui ont fait l’objet d’une évaluation partielle, pour une seule compétence, et aucune moyenne de groupe n’apparaît dans ce bulletin.

Le climat de la classe dégénère encore plus, raconte Mme Lavoie. Sa fille se fait régulièrement insulter et elle est témoin de gestes de « violence » commis par d’autres élèves, affirme-t-elle.

« Agathe a toujours aimé l’école malgré ses difficultés, mais là, elle ne voulait plus y aller. Elle a commencé à faire beaucoup d’anxiété. Je ne pouvais pas la laisser dans un climat comme ça », raconte sa mère.

Mme Lavoie, qui est maman à la maison, a donc décidé de la retirer de l’école en janvier « afin qu’elle soit mieux outillée pour retourner en classe l’automne prochain ».

DERNIER RECOURS

Il s’agit vraiment d’une décision de dernier recours puisque cette mère n’a jamais eu une très bonne opinion de l’école à la maison, précise-t-elle.

« Mais dans les circonstances, je pense que c’est vraiment la meilleure solution pour elle », affirme Mme Lavoie, qui a porté plainte au Centre de services scolaire des Premières-Seigneuries et au ministère de l’Éducation à ce sujet.

Le « manque criant » de personnel est bien sûr en cause, mais le problème « en dessous de ça » est le climat dans les classes, affirme-t-elle.

Au Centre de services scolaire des Premières-Seigneuries, on assure toutefois avoir rapidement mis en place des mesures pour corriger le tir.

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2023-01-27T08:00:00.0000000Z

2023-01-27T08:00:00.0000000Z

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