Le Journal de Montréal

« Ils vont venir avant que ça ferme »

OLIVIER FAUCHER

L’entente qui va entraîner la fermeture du chemin Roxham n’a pas semblé perturber hier les activités de ce point de passage irrégulier que plusieurs migrants ont traversé comme si de rien n’était pendant la soirée.

Pendant la visite du Journal hier soir, plus d’une dizaine de migrants se sont présentés à cette entrée controversée où ils ont, comme le veut la procédure, été arrêtés par les autorités canadiennes en mettant le pied au pays.

Un homme et une femme venus d’Afghanistan, qui traversaient la frontière, ont appris par Le Journal que les jours de cette voie de passage entre le Canada et les États-Unis étaient comptés.

« Je ne savais pas que ça fermait bientôt honnêtement », a dit l’homme dans un anglais approximatif.

« C’était un long parcours. Nous n’avons rien mangé de la journée », a poursuivi l’homme, d’un ton épuisé.

Sur place, des agents, qui sont postés à cet endroit depuis plusieurs années, ont indiqué au Journal qu’ils avaient appris la nouvelle par les médias. « On va être les derniers informés », a lâché l’un d’entre eux.

UNE RUÉE À PRÉVOIR ?

Les migrants vont-ils se précipiter en grand nombre au chemin Roxham avant que la fenêtre ne se referme ? Le chauffeur de taxi américain Tyler Provost prévoit que ce sera le cas. Celui-ci fait le trajet entre Plattsburgh et le chemin Roxham plusieurs fois chaque jour pour y conduire des migrants.

« Il y en a beaucoup qui s’en viennent et qui, en lisant les nouvelles, vont essayer de venir ici avant que ça ferme », prédit-il.

Répondant à nos questions depuis le côté américain de la frontière, M. Provost a qualifié l’annonce de « très mauvaise idée ».

« Beaucoup de gens qui ne côtoient pas les immigrants chaque jour ne voient pas qu’ils sont de bonnes personnes », a-t-il souligné.

« Même si tu fermes ça, les gens vont quand même traverser illégalement. Je ne pense pas que ça va [les] arrêter. »

M. Provost ne cache pas que le chemin Roxham lui permettait de faire de bonnes affaires. « Bien sûr que c’est mauvais [pour moi]. Mes affaires sont stables parce que les gens viennent ici tous les jours. Cette partie de mon gagne-pain, c’est terminé. »

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2023-03-24T07:00:00.0000000Z

2023-03-24T07:00:00.0000000Z

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