Le Journal de Montréal

La médecine familiale est encore boudée au Québec

Une centaine de postes restent à combler chez les finissants, comme l’an dernier

HÉLOÏSE ARCHAMBAULT

Près de 100 postes de médecine familiale sont restés vacants au Québec après le premier tour de sélection. Une spécialité encore boudée par les étudiants, alors que des milliers de Québécois doivent encore patienter des années avant d’avoir un médecin de famille.

« C’est extrêmement inquiétant, réagit le Dr Marc-André Amyot, président de la Fédération des médecins omnipraticiens du Québec (FMOQ). Force est de constater que la lourdeur du travail sur le terrain est trop considérable. »

Chaque année, les étudiants qui terminent leur doctorat en médecine doivent faire un choix de spécialité via le Service canadien de jumelage des résidents.

Après le premier tour, dont les résultats ont été dévoilés hier, 99 postes en médecine familiale sont demeurés vacants dans les quatre universités du Québec. C’est près d’un poste sur cinq qui est délaissé, alors que 514 postes étaient disponibles.

La situation est loin de s’améliorer, puisqu’on dénombrait 98 postes vacants l’an dernier, après le premier tour.

« Tout le monde doit être extrêmement préoccupé par le fait qu’année après année, la médecine familiale est un deuxième choix, réagit la Dre Pascale Breault, directrice médicale du GMF universitaire d’Hochelaga-Maisonneuve. Ça me fait de la peine de voir que ma spécialité n’attire pas. »

En comparaison, seulement 12 postes dans toutes les autres spécialités sont demeurés vacants au Québec.

CHAISES VIDES

Ainsi, 90 % des chaises vides après le premier tour de sélection sont en médecine familiale. Pourtant, la FMOQ reconnaît que le discours ambiant est plus positif à l’égard des médecins de famille.

« Je m’attendais à une certaine amélioration, avoue Marc-André Amyot. Mais je suis surpris... oui et non. Les médecins sur le terrain nous le disent que c’est difficile. »

Selon le syndicat, ce résultat n’aidera en rien à trouver une solution à la pénurie d’au moins 1100 médecins de famille au Québec. Surtout que le quart des omnipraticiens sont âgés de plus de 60 ans. Selon Pascale Breault, ce manque d’attractivité est d’autant plus problématique avec le vieillissement de la population.

SOINS À DOMICILE

« L’avenir, c’est nous [...] Nous irons dans les maisons avec les infirmières pour offrir les soins à domicile ou pour éviter que des gens aillent dans les urgences », souligne celle qui forme des étudiants.

La FMOQ note que la lourde charge administrative (25 % du temps de travail), les heures obligatoires à l’hôpital ou en CHSLD et un revenu qui est jusqu’à 50 % moins élevé que celui des autres spécialités, nuit à la médecine familiale.

Un deuxième tour de sélection aura lieu dans les prochaines semaines, ce qui devrait permettre de pourvoir certains postes. Marc-André Amyot se désole toutefois que les étudiants vont prendre ces postes comme un choix secondaire.

« Vont-ils être heureux ? C’est toujours ce qui m’attriste un peu », dit-il.

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2023-03-24T07:00:00.0000000Z

2023-03-24T07:00:00.0000000Z

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