Le Journal de Montréal

Place au match revanche Harper-Trudeau

JOSÉE LEGAULT josee.legault @quebecormedia.com

Plutôt discret sur la scène publique depuis sa défaite en 2015, voilà que Stephen Harper n’hésite plus à sauter dans la mêlée.

On ne sait toujours pas quand la prochaine campagne électorale fédérale sera déclenchée. À moins d’un revirement spectaculaire, on sait cependant que le chef libéral, Justin Trudeau, malgré trois mandats déjà au pouvoir, est fortement tenté de se présenter à nouveau.

On sait aussi que ladite tentation est nourrie par son désir de défaire Pierre Poilievre, chef du Parti conservateur du Canada (PCC).

Or, le vrai combat, quoi qu’on en dise, se fera surtout entre Justin Trudeau et Stephen Harper, d’une certaine manière, par Pierre Poilievre interposé.

Stephen Harper ayant perdu le pouvoir en 2015 aux mains de Justin Trudeau, le fait est que pour l’ex-premier ministre conservateur, la prochaine élection sent déjà le match revanche à plein nez.

1er indice : Pierre Poilievre est le digne héritier idéologique de Stephen Harper. Tout au long de la dernière course à la chefferie du PCC, l’ancien premier ministre conservateur ne s’en est même pas caché : Poilievre est son véritable dauphin.

2e indice : l’ascendant de Stephen Harper sur les troupes conservatrices est encore majeur.

3e indice : plutôt discret sur la scène publique depuis sa défaite en 2015, voilà qu’il n’hésite plus à sauter dans la mêlée.

HARPER, LE POPULISTE DÉCOMPLEXÉ

Mercredi, à Ottawa, il a prononcé un discours très public devant des sympathisants conservateurs. L’occasion : célébrer l’héritage de l’ancien Parti réformiste de Preston Manning. Un parti populiste ultraconservateur fondé en 1987 en Alberta, dont Harper et Poilievre sont tous deux de purs produits.

Stephen Harper en a donc profité pour vanter les vertus, selon lui, du populisme. Un populisme qu’il définit comme étant la défense des intérêts des « gens ordinaires de la classe ouvrière ».

Or, propre aux partis ultraconservateurs, cette définition est trompeuse. Leur proximité première est plutôt avec les milieux d’affaires, le libre marché et l’hyper-individualisme qu’ils prêchent. Bref, tout ce qui, dans la réalité, désavantage la classe ouvrière.

Stephen Harper a même poussé l’enveloppe jusqu’à lancer que « le populisme est à l’Ouest canadien ce que le nationalisme est au Québec ». Bonne chance pour « vendre » cette « ligne » à l’extérieur de l’Alberta.

COMBAT À FINIR

Il n’en reste pas moins que la prochaine campagne électorale s’annonce féroce. Le style pitbull de Pierre Poilievre en est garant. La volonté des conservateurs de retourner enfin au pouvoir est également puissante.

D’où les conseils que Stephen Harper leur offrait ce mercredi. Primo, ne pas se perdre dans des prises de position inutiles pour se concentrer dans l’attaque soutenue contre Justin Trudeau.

Deuxio, travailler à ce qu’il appelle la « renaissance » du mouvement conservateur au Canada. Ou, dit plus crûment, la défaite des libéraux de Justin Trudeau et l’élection d’un premier ministre et d’un gouvernement conservateurs.

Bref, il leur dit de se concentrer sur le match revanche. Rien d’autre. Un match d’autant plus signifiant pour Stephen Harper – depuis toujours aux antipodes idéologiques de Pierre Elliott Trudeau – qu’il n’a probablement jamais digéré l’humiliation d’avoir été battu par son fils Justin.

Ce sera donc un match revanche très personnel, mais aussi très idéologique. Un combat à finir.

Le Canada que souhaitent Stephen Harper et son dauphin Pierre Poilievre n’étant surtout pas celui, beaucoup plus libéral dans le sens philosophique du terme, porté depuis des lustres par la dynastie Trudeau.

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2023-03-24T07:00:00.0000000Z

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