Le Journal de Montréal

Acquittée parce que son gin était trop fort

Elle était accusée de conduite avec capacités affaiblies

CAMILLE PAYANT

Une Montréalaise a été acquittée de conduite avec les capacités affaiblies, car le gin qu’elle avait consommé avant de prendre le volant ne contenait pas

40 % d’alcool, mais bien 77 %, et qu’il avait fait l’objet d’un rappel.

« On ne peut pas plus reproalors cher à la défenderesse le taux d’alcool élevé du gin dans son cocktail qu’on pourrait reprocher à quiconque de s’être retrouvé avec du GHB dans son verre d’alcool », a souligné la juge Katia Mouscardy de la cour municipale de Montréal.

Un soir de janvier 2017, Aroua Ben Mohamed a quitté le domicile de ses amis où elle avait consommé, sur une période de trois heures trente, deux verres de vin et deux gin-tonics.

Elle a ensuite pris le volant pour retourner chez elle, mais a été interpellée par les policiers après un appel au 911 pour un délit de fuite.

Ils « remarquent que son véhicule est fortement endommagé au point d’avoir de la difficulté à rouler », peut-on lire dans la décision.

BLACK-OUT

« Sur le chemin du retour, elle se souvient d’avoir circulé sur une distance d’environ une rue pour ensuite expérimenter un black-out jusqu’au moment de son arrestation. Aroua Ben Mohamed explique être revenue à elle durant sa fouille sommaire », précise-t-on dans le jugement rendu en février.

Au poste de police, le test d’alcoolémie indiquait 175 mg d’alcool par 100 ml, que la limite permise par la loi est de 80 mg.

Selon le témoignage des policiers, Mme Ben Mohamed a déclaré aux agents : « je sais, je suis saoule, j’ai fait une erreur ».

La défenderesse a ensuite tencomprendre té de ce qui s’était passé lors de cette soirée, ne croyant pas avoir été droguée par ses amis. Ce n’est que plusieurs mois plus tard qu’elle a appris l’existence d’un rappel sur des bouteilles de gin Bombay Sapphire, qui contenaient 77 % d’alcool au lieu des 40 % indiqués. Il s’agissait de la même boisson que celle consommée par Mme Ben Mohamed.

TAUX PLUS BAS

Selon l’expert de la défense, Mohamed Ben Amar, chargé de cours en pharmacologie à l’Université de Montréal, l’alcoolémie de la défenderesse, si le gin avait contenu la proportion d’alcool indiquée, aurait plutôt été de 80 mg.

« Le black-out de la défenderesse est survenu durant la conduite parce qu’elle a quitté les lieux avant que sa dernière consommation de gin se soit retrouvée dans son sang », a précisé l’expert au tribunal.

La juge Mouscardy a donc conclu que Aroua Ben Mohamed « ne pouvait pas raisonnablement savoir que le volume d’alcool du gin était à 77 % et non à 40 %. Elle ne pouvait donc pas anticiper que les cocktails consommés étaient susceptibles de provoquer un état d’intoxication ».

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2023-03-24T07:00:00.0000000Z

2023-03-24T07:00:00.0000000Z

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