Le Journal de Montréal

La plaignante ou l’ex-policier a menti

Le juge tranchera dans un procès pour agression sexuelle

ERIKA AUBIN

Qui dit vrai ? Voilà ce que devra maintenant trancher le juge au procès d’un ex-policier de la Rive-Sud accusé d’avoir agressé sexuellement une étudiante chez elle et qui se défend en soutenant qu’elle était plutôt consentante.

« Dans certains dossiers, il y a une zone grise. Ici sur l’essentiel, c’est clair, quelqu’un m’a menti cette semaine. Les deux versions sont difficilement conciliables », a laissé tomber le juge Bertrand St-Arnaud aux plaidoiries hier dans le dossier de Yannick Dauphinais.

L’ex-sergent intermédiaire à la Régie intermunicipale de police Roussillon subit depuis lundi son procès, au palais de justice de Longueuil.

L’homme de 43 ans a rencontré la plaignante à l’été 2021 dans une stationservice, puis l’a suivie dans le stationnement d’un IGA pour lui demander son numéro de cellulaire.

Le lendemain matin, il lui a demandé son adresse par texto et s’est ensuite invité chez elle pendant sa pause où il l’aurait agressée sexuellement. La plaignante était plutôt consentante à la relation, selon Dauphinais.

La femme alors âgée de 28 ans lui a donné son numéro de cellulaire au IGA, a répondu à ses textos et l’a même invité chez elle, a souligné l’avocat de la défense, Me Félix Rémillard-Larose. Ce serait même elle « qui a dézippé son pantalon et a sorti son [sexe] pour le masturber », a plaidé l’avocat.

ROMANCÉ ET EXAGÉRÉ

« Relisez les textos, vous comprendrez qu’elle ne l’a jamais invité. Il n’a rien de tout ça dans la preuve », a suggéré au tribunal la procureure de la Couronne, Me Amélie Rivard.

La version romancée de Dauphinais est exagérée et « ne mérite pas d’être crue », estime-t-elle.

« Dans la tête [de l’accusé], il y avait peut-être un flirt. Dans les faits, quand on prend le témoignage de la plaignante, les textos et les caméras de surveillance, il n’y a pas de flirt. Il y a surtout un individu qui s’impose », a fait valoir Me Rivard.

D’autant plus que dans l’heure qui a suivi la présumée agression, la femme a fait part de son état de détresse à un ami par texto, puis en personne le soir même. En crise de larmes, elle a aussi tout confié à son patron dans les jours suivants. Ceux-ci ont témoigné en ce sens pendant le procès.

« Il n’y a rien d’autre outre que l’agression pour justifier cet état-là. Quand l’accusé parle d’une belle chimie, d’un coup de foudre entre les deux, c’est difficilement compatible avec le reste de la preuve. Ça mine sa crédibilité », a dit Me Rivard.

La procureure note aussi l’uniforme du policier notamment quand il aborde la femme : « On ne peut pas ignorer qu’il a un uniforme, une ceinture, une arme, une voiture lettrée de police. Il admet un certain pouvoir […], mais il n’est pas capable d’en reconnaître l’impact. C’est tout à fait déraisonnable. »

Le juge rendra son verdict en juillet.

ACTUALITÉS

fr-ca

2023-03-24T07:00:00.0000000Z

2023-03-24T07:00:00.0000000Z

https://jdm.pressreader.com/article/281767043472168

Quebecor Media