Le Journal de Montréal

Le Canada a perdu le contrôle de l’immigration

MARIO DUMONT mario.dumont@quebecormedia.com

Au Canada et au Québec, nous débattons pendant des heures des bonnes politiques d’immigration à adopter. Dans le vide ? C’est un simple communiqué de Statistique Canada qui nous a appris la vérité sur l’année 2022. Le Canada a accueilli un million de nouveaux arrivants ! Planifié nulle part.

437 000 immigrants dûment reçus et 608 000 résidents non permanents. Dans les deux cas, ce sont des records dans l’histoire du Canada.

Dans le cas des immigrants reçus, la hausse est due aux politiques d’accroissement rapide des seuils d’immigration mises de l’avant par le gouvernement Trudeau.

Dans le cas des non-résidents, il s’agit d’une véritable perte de contrôle. Cette catégorie inclut les demandeurs d’asile réguliers, les entrées illégales par le chemin Roxham ainsi que les étudiants et travailleurs étrangers. Jamais dans l’histoire leur nombre n’avait dépassé celui des immigrants réguliers.

On dira que ce sont des « temporaires », mais soyons sérieux : la grande majorité d’entre eux ont l’intention de s’installer au Canada.

CAS UNIQUE

Le communiqué de Statistique Canada insiste sur le caractère unique de ce qui se passe au Canada.

Aucun autre pays de l’OCDE ne vit quoi que ce soit de semblable. En termes d’accroissement de sa population, le Canada se retrouve sur une courte liste avec des pays d’Afrique où la population augmente dû à un fort taux de natalité.

Il faut interpréter ces données dans le contexte de la politique d’immigration annoncée par le gouvernement Trudeau. Celui-ci a fait connaître à l’automne son intention de rehausser les seuils d’immigration à un demi-million par année. Si on ne reprend pas le contrôle des temporaires qui s’ajoutent, le million par année sera la norme.

Il faut aussi comprendre ces données dans le contexte du nouveau rêve canadien : l’Initiative du millénaire. Ce plan dit que le Canada devrait avoir 100 millions d’habitants en 2100 (61 millions de plus en 77 ans). L’impression que donnent les derniers chiffres, c’est que le gouvernement Trudeau a ouvert les gaz pour atteindre cet objectif.

Il y a des conséquences à une approche aussi radicale. Dans son rapport de janvier, la SCHL décrivait la rareté des logements dans presque toutes les régions du Canada. Et l’augmentation du coût de logement qui s’ensuit. Nul ne peut parler sérieusement de logement sans inclure les chiffres d’immigration dans l’équation.

AU QUÉBEC, LE FRANÇAIS

Il y a aussi une conséquence pour le Québec. C’est une évidence que le Québec ne peut pas intégrer au français des centaines de milliers de nouveaux arrivants par année. L’arrivée anarchique, c’est l’abandon du français.

Le questionnement est particulièrement sensible à l’intérieur de la CAQ qui a fait le choix d’affirmer les droits du Québec dans le Canada. Que peut-on faire dans ce nouveau Canada ?

Perdre une bataille sur les transferts en santé, c’est moche, mais ça s’explique. Des batailles, on en gagne et on en perd.

Mais défendre notre identité et notre langue dans le Canada à un million de nouveaux arrivants par année… ce sera laborieux !

Comment défendre le français au Québec dans une vague d’immigration hors de contrôle ?

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2023-03-24T07:00:00.0000000Z

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