Le Journal de Montréal

La tragédie du VieuxMontréal, un crime sans châtiment ?

THOMAS MULCAIR thomas.mulcair@quebecormedia.com

L’horreur des nombreux décès causés par l’incendie dans un Airbnb du Vieux-Montréal est une tragédie qui résulte de gestes illégaux et d’incuries. Des gestes illégaux, car il était interdit d’avoir un Airbnb à cet endroit-là. Des incuries, parce que les gouvernements municipaux et provinciaux n’ont pas appliqué leurs propres lois et règlements.

Comme il était navrant de voir la mairesse Plante et divers ministres de la CAQ se renvoyer la balle à la suite de cette tragédie…

Leur responsabilité et celle d’Airbnb ne seront pourtant pas effacées par des faux-fuyants.

LA LOI S’APPLIQUE ÉGALEMENT À TOUS

Le fondement même de notre démocratie est la primauté du droit : personne n’est au-dessus de la loi.

Depuis l’horreur de la résidence Herron et la mort atroce d’une quarantaine de ses résidents, les Québécois ont compris que, chez nous, l’application des lois est facultative et que les règlements sont des suggestions.

François Legault avait promis d’agir contre les propriétaires de la résidence Herron. Mais visiblement, c’était pour épater la galerie. Car depuis, rien.

Les lois et règlements existent d’abord et avant tout pour protéger le public.

Depuis quelques années, nous assistons à un phénomène par lequel des compagnies étrangères pensent que leur richesse les place au-dessus de nos lois.

L’inaction de nos gouvernements face à des entreprises et intérêts puissants ne date pas d’hier. La situation a empiré depuis l’avènement de l’ère numérique. Louer ou commander en ligne est plus difficile à contrôler.

À une autre époque, c’étaient les multinationales manufacturières et électroniques, telles que GM, IBM ou ITT qui étaient devenues plus puissantes que les gouvernements.

L’opposition des fabricants d’automobiles à l’imposition des ceintures de sécurité est un cas classique qui a jadis illustré cette réalité.

Même chose avec les compagnies de tabac et de pétrole, qui faisaient tout pour bloquer les règles visant à limiter les dangers de la cigarette ou de la pollution.

Dans chaque cas, tôt ou tard, les gouvernements ont fini par réaliser que c’était leur mandat essentiel de protéger le public et ils ont fini par agir.

L’incapacité chronique de nos gouvernements à appliquer ses propres lois mène à des tragédies.

UBER ET AIRBNB : MÊME COMBAT

Depuis des années, notre industrie du taxi était réglementée : examens pour les conducteurs, permis obligatoires, tarifs fixes et inspections.

Mais du jour au lendemain, le géant américain Uber s’est imposé et a tout simplement dit au gouvernement Legault : « Tasse-toé, je suis plus fort que ton gouvernement. » Legault leur a donné raison et a même dépensé des millions pour indemniser les propriétaires légitimes.

Aujourd’hui, à Dorval, dans l’illégalité totale, des centaines de « taxi » sans permis ont réduit Montréal au niveau des aéroports des pires républiques de banane, car ils savent que le gouvernement ne fera rien.

Il en est ainsi avec Airbnb, qui se fout des règles et se pense au-dessus des lois et des gouvernements.

IL FAUT SÉVIR

Les hôtels doivent avoir des portes de sortie réglementaires et sont inspectés régulièrement. Airbnb ? Bof, ce sont des gens qui louent chez eux, non ?

Non ! Ce sont souvent des quasi-hôtels qui contournent les lois.

Airbnb est en train de bouffer

15 000 logements normalement disponibles pour les familles de la métropole.

Plante blâme Legault, mais elle ne fait rien depuis des années pour appliquer ses propres règlements.

Il est grandement temps de sévir. Il n’y a plus d’excuses !

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