Le Journal de Montréal

Le nouveau visage du Canada

DENISE BOMBARDIER Journaliste, écrivaine et auteure c denise.bombardier @quebecormedia.com

Le Journal nous apprenait hier que la population canadienne a augmenté d’un million de personnes dans la dernière année. C’est la première fois que l’on enregistre ce nombre dans l’histoire du pays. La raison, bien sûr, c’est l’augmentation galopante de l’immigration.

Au même moment, Justin Trudeau faisait l’éloge de la francophonie canadienne.

Or, on sait qu’à l’instar des Québécois francophones, les Acadiens et autres francos du Canada sont en train de disparaître progressivement.

Le Québec n’arrive pas à franciser la majorité des nouveaux immigrants et réfugiés avec ses lois sur la langue.

Et dans les autres provinces canadiennes, sous la pression de nouvelles minorités linguistiques, on songe à leur offrir des services dans leur langue maternelle.

BILINGUISME FICTIF

Le Canada bilingue d’antan, qui n’a jamais existé dans la réalité, appartient désormais au folklore libéral. Certains diraient que ce bilinguisme jadis vanté n’a vraiment servi qu’à certains fonctionnaires pour augmenter leur salaire et leur attribuer des postes hiérarchiques plus avantageux.

La nomination de la gouverneure générale actuelle, qui ignore le français mais parle sa langue autochtone, annonce le nouveau bilinguisme de l’avenir.

Le Québec fait figure de perdant encore une fois. Nous ne pouvons ignorer que la majorité encore francophone paie en espèces sonnantes et trébuchantes l’anglicisation des nouveaux immigrants qui choisissent d’étudier en anglais dans nos universités de McGill et de Concordia. Dans le dernier cas, la conséquence est l’affaiblissement progressif de l’UQAM déjà en perte du nombre d’étudiants inscrits annuellement. À cela s’ajoute le nombre d’immigrants qui s’inscrivent aux cégeps anglophones.

Il y a quelques mois, le premier ministre Trudeau a sorti le chat du sac. Il a annoncé dans un état d’euphorie et d’exaltation que son voeu le plus cher était de permettre au Canada d’atteindre 100 millions de personnes d’ici la fin du siècle. Ce chiffre, on ne sait qui le lui a soufflé à l’oreille sinon un extravagant du genre qu’il aime. À savoir une personne comme l’ineffable et inquiétant Elon Musk. Mais il ne l’avouera jamais.

SURPRISE

Des consultants de la firme internationale McKinsey ont manifesté leur surprise à Ottawa au cours d’une réunion. De qui Justin Trudeau avait-il reçu ce conseil d’atteindre 100 millions d’habitants d’ici 80 ans ? D’autant plus que contrairement aux ÉtatsUnis, le Canada, à cause de son climat et en dépit du réchauffement de la planète, ne peut accueillir géographiquement ce nombre effarant entre le 45e parallèle et la calotte polaire !

L’avenir du Québec et bien évidemment du Canada a de quoi nous perturber. Le Québec francophone peine à intégrer les réfugiés qui se présentent au chemin Roxham. D’ailleurs, l’origine de l’immigration est de plus en plus diversifiée. Ce ne sont plus des habitants de l’Europe occidentale qui se bousculent à nos portes, mais des gens d’Asie de l’Est, de pays musulmans et de l’Afrique.

Le Québec est une société minoritaire par sa langue et sa culture en Amérique du Nord. Intégrer des immigrants est plus problématique pour nous que pour la société canadienne-anglaise postnationale de Justin Trudeau. « Soyez chez vous chez nous » pourrait être la devise du Canada. Le Québec est laïc et francophone, ce qui exige une intégration minimale contrairement à la vision de Justin Trudeau d’un pays ouvert à la terre entière et sans contraintes identitaires.

OPINIONS

fr-ca

2023-03-24T07:00:00.0000000Z

2023-03-24T07:00:00.0000000Z

https://jdm.pressreader.com/article/281908777392936

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