Le Journal de Montréal

Fabien Cloutier sait rire de nos travers

L’humoriste et comédien revient avec un premier spectacle solo en six ans

RAPHAËL GENDRON-MARTIN

Fabien Cloutier s’était fait attendre depuis la sortie de son premier spectacle solo d’humour, Assume, en 2016. Après les cinq saisons télé de Léo, le voici qui revient avec une autre proposition comique : Délicat. -En très grande forme, Cloutier tire sur tout ce qui bouge durant 75 minutes en parlant notamment des salons d’artisans, du spa, du réchauffement climatique et du transport en commun.

Fabien Cloutier a développé un personnage unique dans le paysage humoristique québécois. Autant dans Assume que dans Délicat, il nous sert un texte qui peut sembler revendicateur, mais on comprend assez rapidement qu’il faut le prendre au deuxième degré.

Mercredi soir, pour sa première montréalaise, le Club Soda était bondé pour le retour sur les planches de celui qui goûte pleinement au succès public, ces dernières années.

« Y’en a qui se sont forcés au niveau du linge. Vous vous êtes mis belles et beaux, vous sentez bon. Vous êtes très agréables à la narine », a dit Cloutier au public d’entrée de jeu.

Puis, sans reprendre son souffle, l’humoriste s’est lancé dans un défoulement contagieux sur tout ce qui l’agace dans la vie.

Mal à l’aise de se faire reconnaître dans les salons d’artisans, il ne sait jamais quoi faire quand la personne devant lui veut lui vendre « une affaire laide ». « Aussi, il y a beaucoup de savons dans les marchés d’artisans, trop de savons. Message d’intérêt général : quand vous vendez du savon, il faut avoir l’air de l’utiliser ». Le ton est donné.

HAINE POUR LES SPAS

Dans son matériel, écrit avec Julien Corriveau [qui a aussi composé la chanson d’entrée sur scène] et Luc Boucher, Fabien Cloutier va parfois loin, mais il ne vise jamais des personnes en particulier. Mis à part peut-être Edgar Fruitier, dans une blague qu’on ne répétera pas ici, mais qui a produit des « oh ! » dans la salle.

Quand il parle du spa que des amis veulent lui faire prendre en fin de soirée, on sent cette aversion de l’humoriste pour ce bain à remous. « Le spa, cette machine du démon qui te regarde en criant : ‘‘vaginite’’ ! »

Dans un segment sur le réchauffement climatique, Fabien Cloutier joue à plein régime la carte de celui qui ne voit pas de problème avec cette crise environnementale.

« C’est un bon 7-8 degrés de plus que ça nous prend. Mon rêve, c’est bien simple : à 80 ans, en décembre, en bermuda puis en camisole, un petit singe qui m’amène des Popsicles dans un tout-inclus dans la nouvelle station balnéaire de Trois-Rivières. Tres Riviera Maya ! »

RIRE JAUNE

Puis il enchaîne en parlant du transport en commun. « Dans l’autobus, ça sent la mycose des ongles », dit-il en ajoutant à quel point il est difficile de travailler dans un train tellement le voyage est agité. « Tu peux travailler dans le train si ta job c’est de brasser de la peinture ».

L’un de ses petits plaisirs ? Regarder « des reportages sur les pays pauvres sur une grosse télé ».

« On s’était fait venir des sushis, avec un bon blanc premier cru, les pieds sur le pouf, le chauffage à 24, on feelait pour être bien. On a écouté un reportage sur les bidonvilles. 4K, les couleurs ! Tu pouvais presque sentir la vie sur le dépotoir », lance-t-il.

Fabien Cloutier a le talent de nous faire rire jaune, tout en nous faisant réfléchir, à plusieurs reprises dans son spectacle. Il aborde certains sujets délicats avec une telle aisance et un deuxième degré si évident qu’on embarque avec plaisir. Malgré quelques rares sujets moins forts, comme sa passion pour les noix de « cachou », Cloutier frappe très souvent dans le mille avec cette nouvelle proposition.

Fabien Cloutier présentera Délicat les 17 et 18 avril, à la Salle Albert-Rousseau de Québec. Il jouera aussi au Théâtre Maisonneuve de Montréal, les 11 et 12 mai. fabiencloutier.com.

JM VENDREDI

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2023-03-24T07:00:00.0000000Z

2023-03-24T07:00:00.0000000Z

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