Le Journal de Montréal

Suis-je à jamais condamnée à vivre seule ?

LOUISE DESCHÂTELETS louise.deschatelets@quebecormedia.com

J’ai 78 ans et je suis veuve depuis huit ans. J’ai perdu l’homme avec qui j’avais passé la majeure partie de ma vie quand on était sur le point de s’acclimater à la retraite. Une crise cardiaque l’a emporté. J’ai vécu les deux premières années de mon veuvage à me blâmer d’avoir manqué de souplesse avec un homme qui faisait son possible et j’en ai pleuré un coup avant de me décider à faire une thérapie en suivi de deuil pour passer au travers.

Avec l’aide de mes enfants, j’ai vendu ma grande maison pour recommencer ma vie sans tous les souvenirs qui me ramenaient à leur père. Il y a deux ans, me sentant prête à repartir à neuf, j’ai commencé à regarder les hommes autour de moi.

Le premier qui faisait partie de notre groupe d’amis, je l’ai fréquenté un an. Même si c’était un homme charmant, je ne me suis jamais sentie à l’aise avec lui. Il ne me devinait pas comme mon mari et je ne trouvais pas le courage de lui donner les clés pour qu’il puisse se rapprocher de moi. J’ai préféré rompre.

Le deuxième, je l’ai rencontré sur un site de rencontre. Même si l’opération m’inquiétait beaucoup, je me disais qu’avec un homme étranger à ma vie d’avant, ça allait me permettre de m’épanouir sans gêne. Mais ce ne fut pas le cas. Me revoici donc à la case départ. Comment faire pour que mon mari ne continue pas encore longtemps à venir hanter ma vie ? Pensez-vous que je n’étais faite que pour avoir un seul amour, ou bien si c’est la peur qui m’empêche de me laisser aller totalement ?

Une veuve

Il se peut que vos deux prétendants n’aient rien réussi à réveiller en vous parce qu’ils ne vous étaient pas destinés. Mais à votre place, j’emprunterais une autre avenue pour comprendre cette absence de volonté de vous laisser aller à aimer. Même si vous affirmez avoir fait une thérapie en suivi de deuil, j’ose vous demander si vous vous êtes rendue à la limite de l’exercice, là où on sent que le coeur est ouvert à accueillir l’autre. Est-ce qu’au plus profond de vous ne subsisterait pas encore l’idée de retrouver un homme exactement pareil au premier pour ne pas avoir l’obligation de vous dévoiler pour gagner son coeur ?

Comment les Québécois peuvent-ils redorer leur réputation ?

Je fais partie des gens qui ont connu le Québec à une époque où le clergé en menait large dans la vie des citoyens. J’ai vu ma mère forcée d’enfanter aux deux ans pour répondre aux dictats du curé de la paroisse et je me souviens très bien de sa fatigue généralisée dès qu’elle a atteint la jeune cinquantaine. C’est elle qui nous a incités, nous ses enfants, à nous battre pour sortir l’Église de nos vies.

La Révolution tranquille nous a menés vers cette libération, et jamais au grand jamais je ne voudrais que mes enfants et mes petits-enfants aient à vivre sous un tel joug. C’est pourquoi je me sens attaquée par le reste du Canada qui refuse de comprendre pourquoi on tient tant à la laïcité dans notre province et pourquoi on a appuyé notre gouvernement qui a légiféré en ce sens. Pourquoi nous traite-t-on de racistes parce qu’on refuse d’accepter que le premier ministre du Canada nomme « une musulmane dans le genre radical » à la tête d’un comité spécial pour lutter contre l’islamophobie, quand il devrait savoir ce que ça réveille en nous ? Anonyme

Parce que le reste du Canada est insensible à ce que nous sommes et à ce que fut notre passé. Il ne perçoit pas que l’inclusion de l’étranger devra se faire à l’intérieur des valeurs que nous vouons refléter, et non de celles, multiculturalistes à tout crin, du ROC (Rest of Canada).

JM VENDREDI

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2023-03-24T07:00:00.0000000Z

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