Le Journal de Montréal

Un joueur intimidé par ses coéquipiers

RICHARD BOUTIN

Sylvain Croteau a partagé les confidences d’un ancien hockeyeur âgé de 50 ans qui s’est récemment confié à l’organisme 36 ans après les incidents déplorables qu’il a vécus, en obtenant l’assurance que son identité ne serait pas divulguée.

Ses propos se retrouvent dans le mémoire que l’organisme a déposé, hier, devant la Commission de la culture et de l’éducation de l’Assemblée nationale.

« J’ai pratiqué plusieurs sports, mais le hockey a été celui dans lequel j’excellais et sur lequel mes parents ont beaucoup investi. C’est connu et reconnu depuis longtemps que le sport et la violence sont [malheureusement] intimement liés. Mais la violence la plus destructrice et traumatisante est celle que j’ai subie, non pas d’un entraîneur ou d’un adversaire, mais de mes propres coéquipiers. »

La victime poursuit dans la même veine. « Finalement, je comprends aujourd’hui que cette saison cauchemardesque est l’une des raisons pourquoi j’ai refusé par la suite toutes les invitations reçues pour les camps de sélection d’équipes de la LHJMQ. Il n’était pas question de revivre ce harcèlement, cette humiliation et cette peur déjà vécus. »

Sport’Aide a mis en lumière des statistiques provenant de différentes études pour démontrer que l’omerta des vestiaires est ancrée bien profondément.

Une étude nationale aux États-Unis citée dans le document mentionne que 80 pour cent des athlètes collégiaux tous sports confondus avaient subi des comportements abusifs lors d’initiations, mais les dénonciations n’atteignent que 12%.

La peur du rejet et celle d’être perçue comme une personne faible, casseuse de party ou un traître expliquent cet état de fait, peut-on lire dans le mémoire de Sport’Aide, qui précise que les abus ne sont pas l’apanage du hockey ou de la LHJMQ, mais de tous les sports.

« C’est seulement après avoir quitté leur milieu sportif que les athlètes réalisent ce qu’ils ont vécu, les impacts que cela a engendrés sur eux, et que certains trouveront alors la force de briser le silence. »

LE PRÉSIDENT DES SAGUENÉENS

Richard Létourneau a aussi témoigné devant la Commission de la culture et de l’éducation hier. Le président du conseil d’administration de la LHJMQ et des Saguenéens s’est porté à l’attaque dès le début de sa présentation.

« J’ai des perspectives différentes parfois de celles entendues à la Commission depuis ses débuts, a-t-il souligné. Nous offrons un filet pour l’encadrement de nos joueurs qui arrivent avec nous à 16 ans avec des étoiles plein les yeux et qui repartent à 20 ans comme un actif pour la société. Tout n’est pas parfait et nous sommes en constante évolution. On a parcouru beaucoup de chemin et il en reste à faire. »

SPORTS

fr-ca

2023-03-24T07:00:00.0000000Z

2023-03-24T07:00:00.0000000Z

https://jdm.pressreader.com/article/282415583533864

Quebecor Media