Le Journal de Montréal

Priscilla Presley a fait connaître son nom de famille québécois dans le monde entier

Est-ce que Priscilla Beaulieu est d’origine québécoise ? Oui et non.

JACQUES NOËL Collaboration spéciale

La femme du King est née Priscilla Ann Wagner à New York le 24 mai 1945. Son père, James Wagner, était pilote dans l’armée américaine et sa mère, Anna Lillian Iversen, petite-fille d’un immigrant norvégien. Aucune trace de Beaulieu dans l’arbre généalogique de bébé Priscilla.

Mais voilà. Quelques mois après sa naissance, son père meurt dans un écrasement d’avion lors d’une permission en Bosnie.

En 1948, Anna épouse Joseph Paul Beaulieu (1925-2018), lui aussi pilote d’avion dans l’armée américaine. Descendant d’une famille québécoise établie au Nouveau-Brunswick, puis au Maine et au Connecticut, Beaulieu adopte Priscilla, lui léguant son nom qu’elle rendra célèbre dans le monde entier.

Le film de Sofia Coppola, présenté ces jours-ci au grand écran, est inspiré de l’autobiographie Elvis and Me que Priscilla a publiée en 1985. Une minisérie de quatre heures avait été tournée en partie à Québec en 1987.

ELVIS À QUÉBEC

Pour l’occasion, on avait maquillé la cité de Champlain afin qu’elle ressemble à une ville allemande des années 50, conforme à la petite ville de Bad Nauheim, où la jeune Priscilla, 14 ans, était tombée dans les bras du roi du rock and roll, alors âgé de 24 printemps, qui y faisait son service militaire en pleine guerre froide.

Les Beaulieu habitaient sur la rue Ferland, dans le Vieux-Québec, et Elvis tout près, sur Sainte-Geneviève. On reconnaît facilement le Petit-Champlain, la côte de la Montagne et le parc Montmorency. Des drapeaux allemands et un affichage dans la langue de Goethe donnaient vraiment l’illusion d’être au pays de Konrad Adenauer.

On voit le couple amoureux sortir de l’ancien cinéma de Paris, situé juste à côté du théâtre Capitole, où dans les décennies suivantes, deux millions de spectateurs iront voir le plus grand imitateur d’Elvis au monde. « Toute est dans toute », comme disait Raoul.

DE THIBIERGE À BEAULIEU

L’histoire de la famille est complexe, faite de changements de noms et de pays.

L’ancêtre, Hippolyte Thibierge (16291700), originaire de Blois dans la vallée de la Loire, arrive en Nouvelle-France en 1662 avec son épouse et leurs trois enfants. Le couple s’établit d’abord à l’île d’Orléans, puis sur la rue du Cul-de-Sac à Québec où Hippolyte fondera une entreprise de tannerie, doublée d’une cordonnerie.

Gabriel (1654-1726), l’aîné, sera procureur fiscal à l’île d’Orléans et seigneur de l’Anse-aux-Coques, près de Pointeau-Père. Ses deux épouses lui donneront 18 enfants. Son fils, Jean François (16911769) en aura 11, et son petit-fils Basile (1737-1797) tout autant.

Pierre Thivierge (1775-1826), le fils de Basile, s’établit sur L’Isle-aux-Grues. Son fils Eusèbe (1816-1877) est pilote sur le Saint-Laurent. C’est son petit-fils Paul Beaulieu-Thivierge (1858-1923) qui a laissé tomber le nom de Thivierge en émigrant aux États-Unis pour prendre celui de Beaulieu. Son frère Georges, arrivé avant lui au Maine, aurait été le premier à changer de nom, ce qui n’était pas rare chez les francophones aux États-Unis.

Son fils Joseph-Paul (1899-1973), vétéran de la Première Guerre mondiale, propriétaire d’une entreprise de resurfaçage de plancher à Groton au Connecticut, est le père de celui qui a donné son nom à la femme d’Elvis.

HISTOIRE

fr-ca

2023-12-09T08:00:00.0000000Z

2023-12-09T08:00:00.0000000Z

https://jdm.pressreader.com/article/282900915366828

Quebecor Media